Dominique de Villepin a plaidé jeudi pour une modernisation de la démocratie et s’est dit déterminé, face aux violences en banlieue, à appliquer des « sanctions exemplaires », lors de sa 16e conférence de presse mensuelle.
Le Premier ministre avait choisi de se déplacer à l’université de Cergy-Pontoise, en grande couronne (Val-d’Oise), à la veille de l’anniversaire des émeutes en banlieue.
Il a jugé « d’un autre âge » la « formulation » de Ségolène Royal sur l’instauration de jurys citoyens pour les élus, mais s’est montré partant, sur le fond, pour « bousculer les habitudes » et moderniser le fonctionnement de la démocratie.
A l’évidence, nous sommes devant un défi démocratique », a-t-il dit. « La question du renforcement de la démocratie, de son renouvellement, de sa modernisation, à défaut de formules rapides, doit faire l’objet d’un travail approfondi« .
Le chef du gouvernement a cité en exemple les Nations unies: le fait qu’elles aient ouvert « les portes du Conseil de sécurité aux caméras du monde entier » a été « le point de départ de leur reconquête des consciences« .
Et il s’est dit « favorable » à ce qu’un « conseil des ministres soit télévisé« , tout en observant que la partie délibérative « comporte une part de secret ».
M. de Villepin a cependant critiqué la proposition de Mme Royal d’instaurer des jurys citoyens, la formulation ramenant « à des expressions d’un autre âge et souvent funestes » comme le « comité de salut public« .
« Tout ce qui prend une forme juridictionnelle, un sentiment juridictionnel en court-circuitant le fonctionnement normal d’une démocratie à travers ses élus doit être soigneusement regardé et faire l’objet d’une réflexion attentive », a observé M. de Villepin.
« Il faut que les Bastille tombent« , a-t-il lancé, en se disant favorable à des conseils des ministres télévisés et annonçant même que le prochain conseil interministériel sur l’Europe sera « ouvert ».
Alors que plusieurs bus ont été incendiés en région parisienne, le chef du gouvernement a réclamé des « sanctions immédiates et exemplaires » contre les auteurs de violences, sans céder pour autant au tout répressif.
« La sécurité, c’est une priorité, mais nous devons aussi travailler dans le domaine éducatif« , a-t-il insisté, après avoir longuement abordé les mesures pour l’orientation des jeunes annoncées en début de semaine.
Il s’est insurgé contre les accusations d’immobilisme de son gouvernement: « j’entends dire ici ou là que rien n’a été fait pour les banlieues (…), que rien ne change. Je ne peux pas l’accepter ».
« Le gouvernement a engagé une action de fond, de long terme dont nous commençons à voir les premiers effets« , a-t-il estimé.
Sur l’éducation, le Premier ministre a promis que, « dès cette année », « tous les élèves de 3e » auront un entretien d’orientation et que ceux de terminale « bénéficieront du dossier unique d’accès à l’enseignement supérieur« .
Il a annoncé « des emplois supplémentaires » en 2007 pour les universités qui appliqueront des dispositifs du rapport Hetzel, et le déblocage de 75 millions d’euros pour les bâtiments universitaires et le logement étudiant.
Interrogé sur l’affaire Clearstream, très présente dans les médias cette semaine, M. de Villepin a répété s’être contenté d’agir en tant que ministre et vouloir « apporter le plus rapidement possible (son) témoignage » aux juges. Il s’est une nouvelle fois indigné des violations du secret de l’instruction, qui alimentent « les rumeurs ».
Visiblement ému, Dominique de Villepin a pris la défense de sa fille Marie, mannequin à New York, qui a accordé cette semaine un entretien à Paris-Match. Il a nié participer lui-même au phénomène people.
Confiant au passage avoir « tout fait pour la dissuader » d’exercer ce métier, il s’est dit « surpris de voir que (…) l’égalité des chances puisse, dans l’esprit de certains, s’arrêter aux responsables politiques ».
« Il arrive, quand on est un homme politique, qu’on ait envie de faire du sport, qu’on ait envie de prendre un bain de mer, c’est pas pour ça qu’on a soi-même organisé les choses », a-t-il affirmé.
Lors de l’université d’été de l’UMP à La Baule en 2005, M. de Villepin s’était baigné sous l’oeil des caméras. Ses séances de jogging font régulièrement l’objet de séances photo.
Sur le plan économique enfin, M. de Villepin a dit avoir « bon espoir » que le chômage reparte à la baisse en septembre, après des chiffres « décevants » en août.
A sa sortie de l’université, un étudiant affublé d’un T-shirt « Anti Sarko » a interpellé et fait sourire le Premier ministre, en lui recommandant de ne pas renoncer à l’élection présidentielle.
Source: Gersende Rambourg (AFP)