Dominique de Villepin a poursuivi vendredi son déplacement de 48 heures aux Antilles par une visite en Martinique où il aime « se ressourcer », notamment auprès du chantre de la négritude, le poète Aimé Césaire.
Arrivé la veille au soir en provenance de Guadeloupe, le Premier ministre, qui a passé sa jeunesse au Venezuela tout proche et dont l’épouse a des attaches martiniquaises, s’est rendu dans la matinée au 1er Régiment du service militaire adapté (RSMA) au Lamentin, un dispositif de réinsertion sociale né outre-mer et inspirateur du dispositif « Défense deuxième chance« .
Le RSMA est « véritablement une leçon« , « un exemple » pour la métropole, a commenté M. de Villepin à l’issue de sa visite. « C’est un outil puissant d’éducation, d’égalité des chances et de cohésion républicaine« , a-t-il insisté.
Depuis 45 ans, le SMA a contribué à l’insertion sociale et professionnelle de plus de 100.000 jeunes. Chaque année, le dispositif offre à travers les DOM-TOM une seconde chance d’insertion à 3.000 jeunes, dont beaucoup vivent dans des familles monoparentales, souffrent d’illettrisme et parfois aussi de toxicomanie. Selon le ministère de la Défense, le taux de réussite est de 75%.
« Quelles que soient les difficultés de la vie, quels que soient les aléas de la vie, il y a toujours ici (en Martinique) des hommes, des femmes, des paysages où l’on peut se ressourcer. C’est une source de méditation et d’espoir« , a-t-il confié.
Après un entretien avec Serge Letchimy (PPM, gauche), maire de Fort-de-France, M. de Villepin devait visiter un programme de rénovation urbaine et s’offrir un bain de foule dans les rues de la ville.
Grand amateur de poésie, il devait ensuite rencontrer l’ancien homme fort du département, Aimé Césaire, 93 ans, chantre de la négritude et maire de Fort-de-France pendant plus d’un demi-siècle. Ce rendez-vous avec cette figure de la Martinique est un passage incontournable pour tout homme politique se rendant aux Antilles.
M. de Villepin, qui a déjà rencontré à plusieurs reprises l’auteur du « Cahier d’un retour au pays natal », a salué auprès de la presse le « rôle historique majeur » joué par « l’un des plus grands poètes du monde » dans le processus de décolonisation.
Après un déjeuner républicain avec les élus de l’île, le chef du gouvernement devait s’entretenir avec des représentants de l’association des victimes de la catastrophe aérienne qui a fait, le 16 août 2005, 160 morts au Venezuela, dont 152 Martiniquais.
Cette visite marathon, la première d’un chef du gouvernement depuis Lionel Jospin en mars 2002, intervient à six mois de la présidentielle mais, assure-t-on à Matignon, ne s’inscrit pas « dans le cadre de la campagne » électorale. Accompagné du ministre François Baroin (Outre-mer), M. de Villepin entend « vérifier la bonne traduction de la politique gouvernementale » aux Antilles en termes d’emploi, de logement.
La veille en Guadeloupe, face à la grogne d’associations et d’élus ultramarins contre un « désengagement » de l’Etat outre-mer, le Premier ministre avait annoncé une rallonge de 120 millions d’euros sur trois ans (2007-2009) destinée à « accélérer la relance » du logement social dans les DOM.
Source: Frédéric Dumoulin (AFP)