Alors que Nicolas Sarkozy plaide la rupture, Dominique de Villepin plaide, lui, dans un entretien publié mardi 26 septembre dans La Tribune, l’équilibre « entre les exigences économiques et les attentes sociales », et voit quatre enjeux majeurs pour l’élection présidentielle de 2007 : l’innovation, l’emploi, le pouvoir d’achat et la dette.
Interrogé sur l’opposition entre sa volonté d’ »équilibre » et la notion de rupture, le premier ministre dit : « Ce qui est essentiel pour moi, c’est ce qui fonde notre identité (…). Comment faire des propositions fortes et innovantes tout en restant fidèles à nous-mêmes ? C’est tout le défi des années à venir. »
Précisant sa pensée, Dominique de Villepin indique : « Pour les Français, l’économie doit être au service d’un modèle de croissance et de justice sociale, ce que j’ai appelé la croissance sociale« , estimant que cette question « sera sans doute l’un des grands enjeux des prochains débats » de la campagne présidentielle.
L’EMPLOI, LE POINT-CLÉ DES QUATRE THÈMES DU PREMIER MINISTRE
Estimant qu’il « est trop tôt pour savoir » sur quels grands thèmes se jouera l’élection, le premier ministre regrette « qu’en matière économique, les vrais débats ne soient pas encore posés ». Il distingue cependant quatre enjeux, détaillant ses objectifs qui sonnent comme un programme de campagne.
Sur l’emploi, il rappelle la nécessité de parvenir au plein-emploi, soit à un taux de chômage autour de 6 %, se disant « convaincu que nous pourrons y parvenir pas à pas » en créant non seulement « de nouveaux emplois » mais de « bons emplois, en refusant la précarité« . Dominique de Villepin réitère sa volonté de passer sous la barre des deux millions de chômeurs « au premier trimestre 2007″. Le premier ministre avait annoncé cet objectif pour la première fois fin juillet, lors d’un déplacement à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise). Pour y parvenir, « il faut concentrer tous nos efforts sur les points durs : les chômeurs de longue durée, les jeunes sans diplômes ni qualification à qui on ne propose rien, les salariés de plus de 50 ans qui se heurtent à l’indifférence ou aux discriminations« , a-t-il précisé.
Concernant l’innovation, Dominique de Villepin indique qu’il faudra agir pour que « les entreprises multiplient par deux leur effort de recherche dans les années à venir« .
Sur le pouvoir d’achat, « il s’agit d’un vrai choix de société », affirme le chef du gouvernement. « Nous n’avons pas trouvé le bon équilibre entre les résultats des entreprises et la rémunération du travail« , souligne-t-il. Pour ce qui concerne l’endettement, « il faut regarder la réalité en face », dit M. de Villepin. « Lorsque l’Etat s’endette, les Français s’appauvrissent. Lorsque l’Etat s’endette, il n’a plus les moyens de moderniser les services publics, il n’investit plus ou pas suffisamment pour l’avenir ».
Rappelant les résultats économiques encourageants de ces derniers mois, le chef du gouvernement dit en tirer plusieurs leçons, notamment que la France peut « réussir dans l’économie mondialisée », que « l’Etat doit créer l’environnement favorable à cette réussite » et « qu’il est possible de maintenir un équilibre entre les exigences économiques et les attentes sociales« .
APRÈS L’ÉCHEC DU CPE, UNE LOI POUR RENFORCER LE DIALOGUE SOCIAL
Il souhaite qu’une loi renforçant le dialogue social soit votée avant la fin de la session parlementaire. « Non seulement le dialogue social doit être renforcé mais il doit être aussi mieux organisé et structuré », déclare-t-il. « Il faut que les règles soient claires, que les responsabilités de chacun soient précisées. » « Trois pistes peuvent nous permettre d’avancer : le temps réservé à la négociation dans la loi, la création d’un conseil du dialogue social et des avancées sur le chantier de la représentativité », ajoute-t-il. « Je souhaite qu’un projet de loi soit présenté dans les prochaines semaines et voté avant la fin de la session. »
La France « est attachée à ses services publics, attachée à un certain mode de vie, attachée à la lutte contre les inégalités et aux idéaux républicains. Faisons de cet attachement un atout, suggère-t-il. Si nous savons respecter cette identité française, tout en faisant preuve de pragmatisme, nous saurons trouver notre voie. »
Interrogé pour savoir s’il exclut de se présenter en 2007, M. de Villepin affirme : « Je suis bien occupé, j’ai des responsabilités claires. Chef du gouvernement, je dirige une équipe (…). Je souhaite mener cette tâche jusqu’au bout. » Selon un sondage CSA-Le Parisien publié lundi, la majorité (62 %) des Français souhaite que le prochain président de la République « aménage le fonctionnement actuel de la société française », plutôt qu’il « instaure une rupture » (25 %).
Source: Le Monde