Une croissance qui accélère, un taux de chômage en baisse, des ménages qui consomment, des entreprises dont les profits augmentent, des intentions d’embauches révisées en hausse pour la rentrée… En dépit de la flambée du pétrole et des menaces terroristes, cela faisait longtemps que l’horizon économique français n’avait été aussi dégagé. Le chiffre de croissance publié hier par l’Insee pour le deuxième trimestre dépasse toutes les espérances. L’activité a progressé de 1,1 à 1,2%, ce qui correspond à un rythme annuel de plus de 4,5%, à peine croyable si l’on se souvient que ce printemps fut marqué par le psychodrame du CPE.
Bien sûr, cette divine surprise est sans doute due pour une part à des facteurs qui ne se renouvelleront pas, comme la reconstitution des stocks des entreprises. Mais l’embellie est très significative. Sur les six premiers mois de l’année, la croissance a atteint 3%, sensiblement au-dessus du rythme de croisière de notre économie.
Un semestre à ce tempo, ce ne peut pas n’être qu’un feu de paille. Cela commence à ressembler à une vraie tendance. Or souvenons-nous. Lorsque le ministre de l’Économie, Thierry Breton, avait évoqué pour 2006 un «scénario haut» à 3% de croissance, pas un économiste, à l’époque, ne l’avait pris au sérieux : «méthode Coué», «lunettes roses»… Aujourd’hui, ce scénario optimiste n’est plus aussi extravagant qu’il en avait l’air. De même, le pari de faire baisser le taux de chômage, actuellement de 9%, au-dessous du niveau le plus bas enregistré du temps de Lionel Jospin (8,6%) pourrait être bientôt gagné. Bientôt, c’est-à-dire avant l’échéance du printemps 2007.
On peut tirer plusieurs enseignements de ces bonnes performances. Notre économie se raccroche aux wagons de l’économie mondiale. A preuve, la France n’a jamais autant vendu de produits à l’étranger : près de 200 milliards d’euros d’exportations au premier semestre ! Ensuite, le fossé entre la planète CAC 40 et le «pays réel» des PME se comble. Le tissu des petites entreprises profite de la reprise. Le baromètre de confiance des PME publié cette semaine par BNP Paribas est à son plus haut depuis trois ans, de même que leurs intentions d’embauches.
On sait bien que le sprint actuel de l’économie ne durera pas éternellement. Mais cela fait plusieurs années que l’activité ne s’était pas aussi bien portée dans notre pays. On aurait tort de bouder notre plaisir.