En pleine affaire Clearstream, Dominique de Villepin s’est offert vendredi après-midi une « bouffée d’air » en prenant un bain de foule d’une demi-heure à Provins (Seine-et-Marne), à l’occasion de son premier déplacement depuis deux semaines. Le Premier ministre, accompagné du ministre de la Fonction publique Christian Jacob, maire de la ville et chiraquien fidèle, a été applaudi par quelque 300 personnes qui l’attendaient devant l’Hôtel de ville. Touché par ce témoignage de soutien, il s’est retourné vers la foule pour lever les bras dans un geste gaullien.
Dominique de Villepin a ensuite remonté à pied la rue principale, serrant les mains et entrant dans plusieurs commerces. Le Premier ministre a reçu un accueil plutôt chaleureux des Provinois, dont plusieurs lui ont souhaité « bon courage ». « Cela fait du bien de marcher et s’intéresser à de vraies choses », a-t-il glissé, ravi. Pendant que le chef du gouvernement entrait dans un bar, Alain Martin, coiffeur d’Alain Peyrefitte, gaulliste historique et maire de Provins de 1965 à 1997, s’en prenait à la « désinformation » des médias dans l’affaire Clearstream. Quelques « démission » et huées ont cependant fusé sur le passage du Premier ministre. « Tu ne seras pas élu président », lui a lancé une jeune femme. On a également entendu un « Ségolène ». Ces voix dissidentes ont été écartées sans ménagement par des policiers en civil. Arrivé à l’Hôtel Dieu, où l’attendaient 200 élus locaux, le Premier ministre s’est réjoui de se trouver chez des amis. Alors que beaucoup de membres du gouvernement se rapprochent de Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin a chaudement remercié Christian Jacob pour son soutien. « Christian Jacob, c’est l’homme de la fidélité. La fidélité, c’est un mot qui ne se conjugue qu’au singulier », a-t-il remarqué. « On dit la fidélité. Quand on dit les fidélités, on parle de tout autre chose »… « Christian Jacob est un homme dont ni la main ni le coeur ne tremblent. Dans les moments difficiles, ce courage-là, cette fidélité-là c’est ce qu’il y a de plus précieux », a ajouté le Premier ministre. « Venir dans le Provinois, c’est toujours une grande bouffée d’air ». Avant son bain de foule, Dominique de Villepin s’est rendu au Centre de formation et d’apprentissage (CFA), où il s’est entretenu avec une dizaines d’élèves en BTS tourisme. Répondant aux jeunes qui témoignaient de leurs difficultés d’orientation, il a fait une allusion à sa situation personnelle en comparant la vie à un perpétuel « tâtonnement ». « La vie, à quelque niveau que ce soit, c’est vrai dans la vie politique, la vie industrielle, c’est souvent des tâtonnements », a-t-il philosophé. « Personne ne réussit sa vie du premier coup ». Le Premier ministre a continué de méditer sur son sort au pied des remparts, où il s’est fait présenter le travail des tailleurs de pierre qui restaurent la cité médiévale. « C’est un peu comme le coeur des hommes, il faut quelques épreuves pour en mesurer la vigueur », a-t-il remarqué. Après cette bouffée d’oxygène, Dominique de Villepin est reparti vers Paris sans répondre aux questions des journalistes.