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Luc Ferry enterre le service civique obligatoire

L’ancien ministre de l’Education, Luc Ferry, a remis hier au chef de l’Etat le rapport sur le service civique qu’il lui avait commandé en mars dernier.

Luc Ferry juge difficilement réalisable un service civil obligatoire de six mois – promesse de campagne de Nicolas Sarkozy – et se prononce pour un service civil fondé sur le volontariat, proche de celui qu’avait conçu Dominique de Villepin en 2005, et qui a déjà concerné 4.000 jeunes entre 18 et 25 ans.

Luc Ferry dresse un constat amer dans un entretien accordé au Figaro : « Beaucoup de jeunes souhaiteraient s’engager, se rendre utiles, trouver leur place, être reconnus et valorisés, et pourtant on ne leur offre rien. (…) Il est très important de pouvoir leur offrir une solution ».

Dans cette perspective, l’ancien ministre, qui s’était d’abord prononcé pour un service obligatoire, penche finalement pour un engagement volontaire : « Nous nous sommes rendu compte que l’on ne pouvait pas valoriser quelqu’un pour ce qu’on l’oblige à faire ». Mais la question n’est pas encore complètement résolue, puisque Luc Ferry concède : « Les deux modèles se défendent. Il reviendra au président de la République de trancher ».

Luc Ferry estime que la mise en oeuvre d’un service obligatoire de six mois, à raison d’une indemnité mensuelle de 650 euros, pèserait par trop sur le budget de l’Etat – entre trois et cinq milliards d’euros.

« Si je propose de renoncer à l’obligatoire – non pas pour des raisons budgétaires bien qu’elles soient importantes – c’est parce que quand vous partez de l’idée qu’une classe d’âge c’est 750.000 jeunes, il faut trouver 750.000 postes dans les associations », a-t-il expliqué à la presse à l’issue de son entretien avec Nicolas Sarkozy.

« On n’a pas 750.000 postes sans empiéter massivement sur l’emploi marchand », a-t-il relevé.

« Les associations nous disent: on n’est pas équipées comme l’armée pour gérer des gens qu’on nous imposerait. On n’est pas habilitées à gérer un système de contrainte. On n’est pas habilitées à gérer des gens qui ne veulent pas venir chez nous », a-t-il précisé.

Pour Luc Ferry, président délégué du Conseil d’analyse de la société, « il faut éviter l’écueil des stages polycopies-café et offrir des choses sérieuses aux jeunes », notamment par le biais d’une fondation qui permettrait d’habiliter les associations chargées d’accueillir les jeunes et de sélectionner les projets « pour être bien certains qu’il s’agit de projets d’intérêt général ».

Créé en mars 2006 par la loi sur l’égalité des chances, à la suite des violences urbaines de l’automne 2005, le service civil volontaire (SCV), qui s’adresse aux 18-25 ans, a concerné 4.000 jeunes qui se sont engagés depuis lors dans des projets d’intérêt général pour une durée comprise entre 6 et 9 mois.

Lors de l’entretien avec Luc Ferry, Nicolas Sarkozy « a souligné qu’il est attaché à la prise de responsabilités par les jeunes », rapporte l’Elysée dans un communiqué. « L’instauration d’un service civique est une des propositions susceptibles de favoriser et d’accompagner l’engagement des jeunes », a-t-il dit, saluant dans le rapport Ferry « une contribution importante aux réflexions du gouvernement et au débat public qui ont maintenant vocation à se développer ».

Sources: Le Point et France Soir

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