Ils sont quatorze. Trop nombreux pour faire une équipe de football, pas assez pour le rugby, mais suffisamment pour se faire entendre au sein de la majorité.
Ces quatorze députés ont en commun, à une exception près (le Nordiste Sébastien Huyghe), d’avoir été élus pour la première fois l’an passé. Ces jeunes élus, qui incarnent la « génération 2007″, intriguent leurs aînés. Décidés à s’émanciper de leur statut de « bizuths », ils ont discrètement constitué un groupe informel, sans nom et sans leader, après les municipales.
Ils ont franchi une nouvelle étape vendredi en se retrouvant pour un premier séminaire, sur les terres électorales de Bruno Le Maire à Evreux.
« On organise ça à la bonne franquette dans la maison de campagne d’un ami, près d’Évreux, dans ma circonscription », raconte Bruno Le Maire, 39 ans, député de l’Eure, le plus capé de cette petite bande puisqu’il a occupé les fonctions de directeur de cabinet de Dominique de Villepin, à Matignon. « Notre volonté, c’est de travailler sur le fond, d’approfondir notre réflexion politique », précise Le Maire.
C’est Benoist Apparu, 38 ans, député de la Marne, qui a pris l’initiative de ce rassemblement. « Avec quelques-uns, on ne se retrouvait pas dans l’expression des voix de la majorité. On a décidé d’en parler entre nous. Et comme on s’entend bien, on poursuit l’expérience », confie celui qui se définit encore comme un juppéiste.
La première réunion s’est tenue au café « Le square », près de l’Assemblée. Depuis, il y en a eu quatre. Prudent, Apparu a pris soin de prévenir Catherine Pégard, conseillère politique du président, venue assister à la réunion suivante. Mais le groupe se veut « libre ».
« On n’est pas des béni-oui-oui de l’Élysée », assure Apparu. « On soutient sans état d’âme le président mais on n’est pas des courtisans », avertit Valérie Rosso-Debord, 36 ans (Meurthe-et-Moselle), proche de François Fillon.
Le groupe rassemble des sarkozystes pur sucre mais aussi un villepiniste, un juppéiste, des proches de Jean-François Copé, Jean-Frédéric Poisson, ancien suppléant de Christine Boutin…
« Les écuries, ce n’est pas notre truc. Il y en a assez comme ça », promet Sébastien Huyghe, 38 ans, (Nord). Tous répètent en chœur qu’il n’y a pas de chef, pas de structures officielles, ni de nom. « On s’appelle le groupe », s’amuse Valérie Rosso-Debord. « On est les jeunes députés qui n’en veulent », i ronise le Ch’ti Huyghe.
Ce groupe a déjà fait parler de lui en publiant dans Le Figaro, le 20 mai, une tribune collective pour soutenir la réforme des institutions. D’autres initiatives devraient voir le jour lors de la prochaine session parlementaire. « On veut formaliser des contributions sur le fond, préparer de nouvelles réformes », annonce Franck Riester, 34 ans, (Seine-et-Marne), nouveau maire de Coulommiers.
Ce rassemblement de jeunes élus suscite l’intérêt des ténors de l’UMP. Courtisé par Xavier Bertrand et Jean-François Copé, le groupe met de la distance avec les deux étoiles montantes de l’UMP. « On ne veut être instrumentalisés par personne. C’est pour cela qu’on refuse pour l’instant les invitations dans les ministères », confie l’un d’entre eux qui préfère cette position de non-alignés.
Ces 14 députés dont on entendra surement parler dans les mois et années qui viennent sont: Benoist Apparu, Valérie Boyer, Nicolas Dhuicq, Gilles d’Ettore, Philippe Gosselin, Françoise Guégot, Sébastien Huyghe, Bruno Le Maire, Jean-Frédéric Poisson, Franck Riester, Laure de La Raudière, Valérie Rosso-Debord, Lionel Tardy et Isabelle Vasseur.
Source: Bruno Jeudy (Le Figaro)
