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Dominique de Villepin à Carthagène (1/2): "Il n'y a plus de leader mondiaux dotés d'une vision historique"

A Carthagène où il a inauguré lundi la Semaine du Roman Historique, Dominique de Villepin a exprimé le souhait que l’Europe sache prendre des décisions appropriées pour s’élever au rang de véritable puissance mondiale.

Il parle avec la même passion de la crise d’identité européenne que de la vie de Napoleón Bonaparte. Intellectuel, diplomate, essayiste et poète… Autant de passions auxquelles se livre corps et âme celui qui a été Premier Ministre de la France de mai 2005 à mai 2007: Dominique de Villepin.

Homme politique de droite, élégant et bronzé, il était lundi à Carthagène pour inaugurer la neuvième Semaine du Roman Historique et parler de son livre « Les cent jours », dans lequel il raconte le retour de Napoleón de son exil à l’île d’Elbe et la mue de l’Empereur en homme d’État, avant son ultime défaite à Waterloo.

L’ancien Premier Ministre est fasciné par les personnages historiques qui ont marqué leur temps par leur vision. C’est pourquoi il se montre sceptique sur notre époque et affirme que l’absence de leaders politiques dotés d’une vision globale de la planète est « l’un des problèmes les plus inquiétants du monde actuel ».

« Il n’existe pas aujourd’hui de leader doté d’une vision historique », insiste l’intellectuel français qui soutient que le relativisme mondial et le rythme accéléré de l’actualité empêchent toute possibilité de vision globale. « Nous avons besoin de personnages capables de prendre des risques pour défendre une idée. Il est plus facile de gouverner un pays au jour le jour que d’essayer de changer le cours de l’histoire ».

Parmi les quelques contemporains que Dominique de Villepin épargne de sa critique se trouve Nelson Mandela qu’il cite en exemple pour sa capacité à faire tomber le mur de l’apartheid en Afrique du Sud et à parvenir à concilier les intérêts des Blancs et des Noirs dans une nouvelle société.

L’intellectuel se montre également critique vis-à-vis de la situation actuelle de l’Europe, dont l’immobilisme politique trouve son origine dans les intérêts si différents de ses 27 membres. « Il est difficile d’avoir une direction commune. Il faut changer les choses et accélérer la construction européenne, dont le rythme est devenu trop lent », affirme-t-il.

Dominique de Villepin réclame ainsi que l’Europe se dote d’un président commun, élu par les urnes, qui installe le Vieux Continent au rang de véritable puissance mondiale, sur le plan économique comme sur le plan politique, afin de concurrencer les Etats-Unis, la Russie ou la Chine: « Si l’Europe n’est pas capable de prendre des décisions digne d’une véritable puissance mondiale sur des questions telles que le Moyen-Orient ou le Darfour, elle ne sera pas au niveau où l’attend son peuple », dit le diplomate, particulièrement critique par rapport au suivisme de beaucoup de pays de l’Union vis-à-vis de la politique des Etats-Unis.

Durant son séjour à l’Hôtel Matignon, Dominique de Villepin n’a eu de cesse de critiquer la guerre en Irak, à laquelle il s’était frontalement opposé dès 2003 et dont il regrette encore les effets. Sa position n’a pas varié d’un iota et il continue de réclamer le retrait des troupes d’occupation afin que la légitimité revienne au gouvernement irakien. Il regrette aussi les intérêts illégitimes que certains pays de la région (particulièrement la Turquie, l’Iran et la Syrie) entretiennent en Irak.

Il parle en connaissance de cause, puisqu’avant d’être Premier Ministre il a aussi occupé les portefeuilles de l’Intérieur et des Affaires Etrangères. C’est pourquoi, interrogé au sujet de l’immigration, il indique être partisan d’une politique commune qui permette de sortir de la confrontation entre les pays du nord de de l’Europe, les pays méditerranéens et les pays africains afin de mettre en place de grands projets de coopération.

Après abandonné le pouvoir il y a un an suite à l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la république française, c’est exilé dans la culture que Dominique de Villepin attend le moment de son retour dans l’arène politique. Il est convaincu que celui qui a été son rival au sein de l’UMP ne laissera que peu de traces dans l’histoire de son pays à l’issue de son quinquennat.

Source: La Verdad

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