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Après un an de présidence, Nicolas Sarkozy se défausse sur Jacques Chirac et sur la presse

Le président Nicolas Sarkozy s’en est pris mercredi à son prédécesseur Jacques Chirac l’accusant « d’avoir mal gouverné la France » devant les parlementaires UMP réunis à l’Elysée, a déploré le député villepiniste Jean-Pierre Grand, qui assistait à la rencontre.

« Lors de ce déjeuner à l’Elysée » un an jour pour jour après la victoire de M. Sarkozy, « Jacques Chirac et la presse en ont pris plein la gueule », a dit à la presse le député de l’Hérault. Celui-ci s’en est notamment pris au Parisien, à L’Express, à l’AFP et à Marianne.

« Je regrette que le président de la République ait été aussi dur avec son prédécesseur Jacques Chirac, c’est très injuste (…) Il a tapé sur Chirac l’accusant d’avoir mal gouverné la France », a déclaré Jean-Pierre Grand, selon qui le chef de l’Etat a raillé les multiples candidatures de son prédécesseur.

Selon plusieurs participants, Nicolas Sarkozy a lâché pêle-mêle: « Chirac a mis 21 ans à se faire élire. Moi, je l’ai été du premier coup ». « Il a fait une réforme et demie, son premier septennat s’est arrêté en décembre 1995 sur un recul sur la réforme des régimes spéciaux ». Quant au général de Gaulle, « il n’a eu qu’une voix de majorité en 1967″, a relevé M. Sarkozy.

« Moi, je n’ai pas l’obsession de durer et je mène tout de front », a lâché le chef de l’Etat en évoquant longuement sa prise du pouvoir en 2007.

En outre, « ce n’était pas indispensable de parler de Clearstream, tout cela, on s’en serait bien passé », s’est indigné Jean-Pierre Grand. Nicolas Sarkozy a évoqué l’affaire Clearstream au détour d’une phrase, en conclusion de son échange avec ses invités, pour les persuader qu’il n’avait « de haine pour personne » dans sa « famille ».

« Sur le fond, concernant la réponse apportée par Nicolas Sarkozy sur la réforme des institutions, elle n’est pas de nature à me faire changer d’avis sur mon vote au Congrès (en juillet en principe). Si le texte va jusqu’au congrès, je voterai contre », a ajouté le député villepiniste de l’Hérault.

Le député s’est dit « de plus très inquiet quand le président de la République dit que cette nouvelle Constitution va permettre de mettre en place une démocratie civilisée ». « C’est quelque chose qui me gêne car j’ai le sentiment de vivre depuis 1958 -et même depuis 1950 où je suis né- dans un pays où nous avons une démocratie civilisée », a conclu Jean-Pierre Grand.

« C’était un discours tourné plus vers le passé », a déploré Jacques Le Guen. « J’ai eu l’impression que c’était un discours de campagne électorale. Cela ressemblait plus à un rassemblement de militants qu’à un rassemblement d’élus avec le président ».

« Je vais lui offrir le bouquin de Finkielkraut « L’Ingratitude ». Il faut assumer notre héritage! Il a beaucoup d’atouts, il n’est pas obligé de dire du mal des autres », a jugé Hervé Mariton.

« Il a été assez agressif », pour l’ancienne ministre Catherine Vautrin. « On ne va pas se raconter le film des élections pendant 15 ans! Ce qui importe, c’est ce qu’on fait maintenant! »

A Hervé de Charrette qui s’interrogeait sur le bien-fondé de la réforme institutionnelle, Nicolas Sarkozy a répondu qu’elle était nécessaire. « Il s’est fait renvoyer dans ses 22″, traduit un participant à la réunion.

Le chef de l’Etat a accepté le compromis d’un discours une fois par an à Versailles devant le Congrès. En revanche, il a exclu d’inclure la proportionnelle ou la réforme du mode d’élection des sénateurs dans la réforme.

Aux dires de plusieurs participants, c’est la presse qui en a le plus pris pour son grade ce mercredi. « Il a fait une charge très importante contre la presse en disant que dans un pays où il n’y a plus d’opposition, la presse s’attribue la fonction d’opposition », a indiqué dans les couloirs de l’Assemblée nationale la députée UMP, Marie-Anne Montchamp.

« Certains journaux n’ont pas digéré ma victoire et me font aujourd’hui un procès en illégitimité, leur a expliqué le président. Le PS ne fait pas son boulot, le FN a disparu, il ne reste que 3 députés à Bayrou donc l’opposition aujourd’hui, c’est la presse ».

Le président a aussi visé Marianne, dont la dernière Une titrait, sur une photo du président, « Putain 4 ans! », et accusé le Journal du Dimanche de ne pas avoir publié dans son édition papier un sondage plus positif que les autres sur sa récente intervention à la télévision, selon plusieurs témoignages.

Nicolas Sarkozy a pris l’exemple de la condamnation récente de Ségolène Royal par la cour d’appel de Rennes dans une affaire de salaires impayés à deux ex-attachées Parlementaires. « Vous imaginez si c’est moi qui avait été condamné de la sorte ? J’aurais traîné ça pendant des années, a-t-il affirmé, regrettant le manque de pugnacité de la presse contre l’ancienne candidate PS à la présidentielle. « Quand on pense que notre porte-parole (Frédéric Lefebvre) fait un communiqué sur Royal qui n’est pas repris par l’AFP… », a-t-il dit, selon un député présent.

M. Lefebvre s’était plaint au PDG de l’AFP, Pierre Louette, après qu’un communiqué sur l’affaire, diffusé le 1er mai par ses services, n’avait pas été repris. Les syndicats de l’AFP ont dénoncé « les pressions exercées » pour « discréditer la rédaction », affirmant que le communiqué de M. Lefebvre « n’avait aucun intérêt éditorial ».

Selon l’Elysée, 262 députés de l’UMP, sur quelque 320, avaient répondu présents à cette cérémonie dans la salle des fêtes, suivie d’un buffet dans le jardin d’hiver et le parc.

Sources: Agence France Presse, Le Parisien et TF1

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