Dominique de Villepin était aujourd’hui l’invité de Laurence Ferrari dans Dimanche +.
L’ancien Premier Ministre a réaffirmé son opposition au retour de la France dans l’OTAN qu’il a jugé « dangereux », ainsi que ses réserves sur l’envoi de nouvelles troupes françaises en Afghanistan sans véritable stratégie politique.
Il s’est aussi notamment exprimé sur l’organisation de l’UMP pour laquelle il souhaite président élu par l’ensemble des militants ainsi que la mise en place de courants.
Sur le retour de la France dans l’OTAN
« Non seulement le retour de la France dans l’OTAN n’est pas utile, ne correspond pas aux intérêts de la France, mais je crois aussi que c’est dangereux », a déclaré dimanche l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin sur Canal+.
Le retour de la France dans le commandement intégré de l’Alliance, envisagé par Nicolas Sarkozy, « c’est prendre le risque d’être réduits à la famille occidentale, d’être perçus justement dans cette logique de confrontation que nous avons voulu éviter à travers notre engagement contre la guerre en Irak », a-t-il souligné.
« Ma conviction, c’est que nous perdrions des marges de manoeuvre, des marges d’indépendance. Nous perdrions ce qui fait la singularité française en matière diplomatique, c’est la possibilité de travailler avec l’ensemble de nos alliés, y compris à travers l’Otan », a-t-il expliqué.
« Je crains la logique de bloc à bloc » et « je ne crois donc pas utile de rentrer à nouveau dans l’OTAN de façon pleine et entière », a-t-il dit.
Réclamant « un très fort débat national et pas uniquement parlementaire », l’ancien Premier Ministre a jugé qu’un référendum sur cette question était « une option ».
Sur l’envoi de nouvelles troupes françaises en Afghanistan
Interrogé sur l’envoi de troupes françaises supplémentaires en Afghanistan, Dominique de Villepin a souligné la nécessité d’avoir une « stratégie politique » dans ce pays et ce « dans la durée ». « Cette stratégie politique, elle manque cruellement en Afghanistan », a-t-il déploré.
« Maintenir et augmenter ses troupes -de façon d’ailleurs fort limitée- ce n’est pas à mon sens la meilleure façon de sortir l’Afghanistan de la situation difficile dans laquelle il est. Et le risque d’enlisement est par contre extrêmement important », a-t-il estimé. « Ne nous engageons pas dans des aventures militaires qui sont dépourvues de véritables stratégies globales ».
« Je crois que les troupes peuvent être une solution ponctuelle pour éliminer des réseaux à un moment donné, mais dans la durée, il faut une stratégie politique. Cette stratégie politique manque cruellement en Afghanistan », a-t-il déclaré. « Je crois que toute intervention militaire qui n’est pas véritablement accompagnée d’une stratégie de reconstruction et d’une stratégie politique suscite le rejet », a-t-il insisté.
Sur l’éventualité d’un boycott de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques
« Le risque d’une interférence lors de cette cérémonie est extrêmement important », a estimé l’ancien Premier Ministre.
Pour Dominique de Villepin, la position de Nicolas Sarkozy est « une position claire, c’est-à-dire de maintenir toutes les options ouvertes en espérant que le dialogue et l’ouverture de la Chine pourront se manifester ».
« Nous avons un problème qui est de savoir quelle est la meilleure attitude à avoir lors de cette cérémonie d’ouverture, mais les Chinois ont aussi un problème. Il faut s’en sortir par le mouvement, par le dialogue », a-t-il dit.
« Le boycott est une possibilité si on n’obtient pas de déblocage de la situation », a-t-il conclu.
Sur la gouvernance de l’UMP
L’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a plaidé en faveur d’un président de l’UMP « élu par l’ensemble des militants ».
Après la défaite des Municipales et des Cantonales, « il y avait besoin de tirer les leçons des élections et d’une situation nouvelle. Alors, on peut le faire comme cela a été fait, avec un souci d’équilibre et d’ouverture. J’aurais préféré pour ma part un électrochoc, c’est-à-dire tirer les leçons d’une UMP qui n’existe pas suffisamment », et ce « parce qu’il n’y a pas à sa tête un président élu par l’ensemble des militants ».
« Est-ce qu’il faut d’autres échecs (électoraux, NDLR) pour en tirer les leçons? J’aimerais qu’on tire les leçons un peu plus rapidement », a souhaité M. de Villepin.
« Si l’UMP veut être aussi forte qu’elle l’a été à l’époque où j’étais premier ministre, ça implique de l’indépendance, de l’imagination, de la vitalité ».
« Les courants sont sans doute la meilleure réponse dans un parti qui se veut démocratique, ouvert et moderne ».
Sources: Agence France Presse et Associated Press