Tombé vendredi dernier, le nouvel organigramme de l’UMP, organisé par l’Elysée, a révélé quelques surprises. Hervé Mariton, proche de l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, a été nommé, entre autres, nommés à la tête du parti.
« Un geste de courtoisie » pour Hervé Mariton qui réaffirme sa volonté de créer un courant villepiniste au sein de l’UMP.
« C’est une conscience de la diversité de l’UMP ». Joint par leJDD.fr, Hervé Mariton, le tout nouveau secrétaire national à la défense de l’UMP se réjouit de ce « geste de courtoisie » à l’égard des villepinistes. Quand d’autres, comme Christian Estrosi, le nouveau maire de Nice, estime dans le JDD que « les nombreuses nominations sont faites pour faire plaisir à tout le monde ».
« Mais c’est aussi la preuve de notre volonté de construire, on n’est pas là seulement pour critiquer », continue le député de la Drôme, en référence à une période pas si éloignée où les porte-flingues de Dominique de Villepin étaient les critiques les plus vigoureux du sarkozysme triomphant.
Au lendemain de la défaite aux élections municipales – qui a vu la gestion de Patrick Devedjian contestée de toute part – il y avait urgence à réorganiser la maison UMP. L’Elysée s’y est employé, cadrant son secrétaire général par deux poids lourds ministériels; confiant la parole du parti à des sarkozystes fidèles; donnant plus de places aux centristes et… faisant entrer dans la bergerie les loups villepinistes. Deux en fait, en les personnes d’Hervé Mariton et de Bruno Lemaire, l’ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin, nommé conseiller politique de l’UMP.
Même si certains, à l’instar du député UMP Jean-Pierre Grand, estiment ces arrivées constituent « l’incontournable reconnaissance du courant villepiniste qui progresse fortement au sein de l’UMP », Hervé Mariton ne considère pas le combat gagner. Il veut aller plus loin et constituer un courant au sein de l’UMP.
« Je souhaite que le mouvement vive, je souhaite donc présenter une motion au sein de l’UMP en ce sens, au prochain congrès ». Seul souci, la date du prochain congrès n’est pas définie et Patrick Devedjian fait encore la sourde oreille pour arrêter une date.
Le nouveau nommé est pourtant sûr de réussir son coup, estimant pouvoir compter sur au moins dix parlementaires et 10% d’adhérents. Soit autant d’élus « volontaires, pas simplistes qui disent non à la facilité et à la démagogie », selon le portrait-robot défini par le député porche de Villepin.
Pas sûr que la constitution d’un courant soit du goût de tout le monde dans l’état-major du parti majoritaire, dont l’une des principales forces lors de la dernière élection présidentielle était d’être un parti en ordre de bataille, rangé derrière son chef.
Mais les villepinistes sont décidés à faire entendre leur petite musique. « Il faut dire la vérité, assumer ce qui est nécessaire en terme de réforme et sortir du compassionnel. Il faut vraiment définir les priorités. Différentes réformes sont mises en route, c’est bien, mais il ne faut pas qu’elles soient toutes mises sur le même plan », analyse-t-il, rappelant que Villepin avait eu pour seule priorité à Matignon l’emploi.
Ces nominations signent-elles la trêve entre l’ancien Premier ministre et Nicolas Sarkozy, qui s’affrontent par ailleurs dans le dossier Clearstream? « Pour qu’il y ait trêve, il faudrait qu’il y ait eu guerre », rétorque faussement le député de la Drôme.
Pourtant, selon le site backchich info, Dominique de Villepin a été aperçu la semaine dernière en train de dîner avec Nicolas Bazire, l’un des amis les plus proches de Nicolas Sarkozy… L’UMP intègre donc dans sa direction ses franc-tireurs. Pour éviter qu’à l’avenir ils ne disposent de trop de champ pour critiquer l’action gouvernementale?
Source: Maud Pierron (Le Journal du Dimanche)