Ce mercredi, deuxième journée du procès en appel de l’affaire Clearstream. Les audiences se tiennent jusqu’au 26 mai, les lundi et mercredi toute la journée ainsi que les jeudi après-midi.
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Mercredi 20 heures: Clearstream: Villepin laisse ferrailler Gergorin et Lahoud
Dans le procès en appel de l’affaire Clearstream, Dominique de Villepin a repris mercredi la ligne de défense qu’il tenait en première instance. Et a laissé ses deux coprévenus, Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud, se rejeter la faute.
Dominique de Villepin reste serein, certain d’obtenir la clémence de la cour d’appel de Paris qui examine depuis lundi le dossier Clearstream. Entendu mercredi, il a redit qu’il n’avait pas évoqué les listings de la société luxembourgeoise avec le président Jacques Chirac, niant ainsi les accusations de Jean-Louis Gergorin. De même, Dominique de Villepin nie avoir évoqué le sujet lors d’une entrevue avec le haut responsable d’EADS, au ministère des Affaires étrangères le 1er janvier 2004. « Je suis absolument certain que le nom de Clearstream a été prononcé », a rétorqué Jean-Louis Gergorin. Parole contre parole, les deux hommes ont donc passé l’après-midi à se renvoyer la balle, conservant la ligne de défense qu’ils avaient chacun opté en première instance.
Mais depuis trois jours, la cour s’intéresse davantage à la relation entre Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin dans cette affaire. Après avoir chargé ses coprévenus lundi, le mathématicien a peiné à démontrer mercredi, qu’il n’avait été que la victime « impuissante » d’une manipulation organisée par son supérieur de l’époque, Jean-Louis Gergorin, et l’ancien Premier ministre. La cour a pointé plusieurs incohérences dans le discours d’Imad Lahoud. Ainsi a-t-il affirmé mercredi n’avoir ajouté qu’un seul nom, « Nagy-Bosca », une partie du patronyme de Nicolas Sarkozy.
Le général Rondot comme excuse
Quelques minutes plus tôt, le prévenu avait pourtant évoqué plusieurs noms : « J’ai toujours dit que Jean-Louis Gergorin se prévalait d’instructions reçues par Dominique de Villepin quand il me demandait d’ajouter des noms (…) et de détruire des documents ». Ce que le haut responsable d’EADS a nié en partie, assurant avoir été abusé, « impressionné par la confiance qu’avait le général Rondot en Imad Lahoud ».
Pourquoi alors Imad Lahoud n’a-t-il pas dit au général Philippe Rondot, qui enquêtait sur les listings, qu’ils étaient falsifiés? « Je n’avais pas le courage, la sérénité, l’assurance de dire les choses à l’époque », a plaidé le mathématicien avant d’attaquer l’ancien espion : « Le général Rondot n’a jamais accroché à cette histoire, jamais, jamais ». En première instance, le militaire avait pourtant assuré y avoir cru au début. Son audition, le 11 mai, sera l’occasion d’éclaircir ce point. Et d’apporter une analyse plus détaillée sur les responsabilités des coprévenus.
Source: JDD.fr
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Mercredi 19 heures 30: Villepin réaffirme qu’il n’a pas parlé de Clearstream avec le président Chirac
Dominique de Villepin a redit mercredi devant la cour d’appel de Paris qu’il n’avait pas évoqué les listings Clearstream avec le président Jacques Chirac, contrairement à ce qu’affirme l’ancien haut responsable d’EADS, Jean-Louis Gergorin.
Le 1er janvier 2004, Jean-Louis Gergorin passe au Quai d’Orsay voir Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères. Il dit évoquer alors avec lui des listings, émanant de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream, sur lesquels apparaîtraient des noms de personnalités (celui de Nicolas Sarkozy n’est pas encore évoqué ce jour-là) possédant des comptes occultes à l’étranger. Ces listings s’avéreront falsifiés.
Jean-Louis Gergorin est bien « venu, sans s’être annoncé. La conversation a duré un quart d’heure », mais « le nom de Clearstream n’a pas été prononcé », a déclaré l’ancien Premier ministre.
« Je suis absolument certain qu’il a été prononcé », a répondu Jean-Louis Gergorin, qui assure que Dominique de Villepin a alors dit qu’il en parlerait à Jacques Chirac. Puis, « M. de Villepin m’a demandé, en attendant la réponse du président, de ne pas informer le général Rondot (qui enquêtait déjà sur les listings pour le compte du ministère de la Défense, ndlr) de cette conversation ».
« Compte tenu de l’extrême sensibilité de cette affaire, il était important que le président décide si son ministre des Affaires étrangères devait s’en saisir ou laisser l’enquête au ministère de la Défense », a-t-il expliqué.
Faux, a indiqué le président de République solidaire, qui assure n’avoir pas eu « besoin d’en référer au Président ». Il aurait juste fait état, devant Jean-Louis Gergorin, « des instructions fortes dont m’avait fait part le président sur la moralisation de la vie politique internationale ».
« Comme l’a dit Jean-Louis Gergorin, a poursuivi l’ancien diplomate, il ne savait pas si c’était du lard ou du cochon. Or, tant qu’on ne sait pas si c’est du lard ou du cochon, on n’en parle pas au président ». « Le ministère de la Défense était alors saisi depuis de très longs mois de ces dossiers », quelques minutes n’allaient « pas changer grand chose ».
M. de Villepin a juste reconnu avoir « évoqué avec le président de la République, après le 9 janvier 2004, une menace internationale » et lui avoir dit qu’il « avait confié une enquête au général Rondot ».
Source: AFP
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Mercredi 19 heures 30: Villepin nie de nouveau tout complot contre Sarkozy
L’ex-Premier ministre Dominique de Villepin a de nouveau nié mercredi, lors du procès en appel de l’affaire Clearstream, avoir conduit un complot contre Nicolas Sarkozy en 2004 avec de fausses listes de comptes bancaires. Relaxé en première instance en 2010 contre l’avis du parquet, il répond de l’accusation de « complicité de dénonciation calomnieuse » pour son rôle présumé dans une manipulation menée avec de faux fichiers de la société Clearstream où figurait notamment le nom de Nicolas Sarkozy.
La cour a évoqué une réunion du 9 janvier 2004 entre Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, et le général Philippe Rondot, spécialiste du renseignement, à qui il avait demandé d’approfondir l’enquête sur ces listes, produites par Jean-Louis Gergorin, alors vice-président d’EADS.
L’accusation voit cette réunion comme le début de la conspiration. « Il n’y a pas une réunion de conspirateurs, il y a un ministre qui fait son travail (…) Tout le reste n’est que procès d’intention », a dit l’ancien Premier ministre à la cour.
Il a par ailleurs contesté que le président de l’époque ait été informé de l’affaire. Selon lui, Jacques Chirac ne lui avait donné que des instructions générales de « moralisation de la vie publique internationale ».
Jean-Louis Gergorin a soutenu le contraire. Selon lui, Dominique de Villepin disait bien le 9 janvier 2004 avoir reçu des instructions d’enquêter sur les listes Clearstream. Dominique de Villepin aurait même demandé, selon lui, de savoir si des noms de proches du chef de l’Etat y figuraient ou non.
Dominique de Villepin conteste que le nom de Nicolas Sarkozy ait été prononcé ce jour-là, ce que Jean-Louis Gergorin affirme. La cour a produit les carnets personnels du général Rondot, saisis pendant l’enquête. On y lit dans le compte-rendu de la réunion : « L’enjeu politique : Nicolas Sarkozy ».
Prévu jusqu’au 26 mai, le procès de cette intrigue ravive d’anciennes querelles entre les familles de la majorité. Son verdict, attendu à l’automne, pourrait peser lourd lors de l’élection présidentielle de 2012, à laquelle Dominique de Villepin envisage de se présenter.
Nicolas Sarkozy a retiré après le premier jugement sa constitution de partie civile et il n’est donc plus représenté.
Jean-Louis Gergorin et l’informaticien Imad Lahoud, auteur présumé des faux, condamnés en première instance respectivement à 15 et 18 mois de prison ferm
e, avec 40.000 euros d’amende chacun, sont aussi rejugés. Le procès continue jeudi.
Source: Reuters
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Mercredi 19 heures: Procès Clearstream : Villepin commence à s’expliquer
Au deuxième jour du procès en appel sur l’affaire Clearstream, Dominique de Villepin a redit qu’il n’avait pas évoqué les listings Clearstream avec le président Jacques Chirac, contrairement à ce qu’affirme l’ancien haut responsable d’EADS, Jean-Louis Gergorin.
Suivant son ordre chronologique, vers 17 heures, la cour d’appel a abordé le 1er janvier 2004. C’est à cette date que Dominique de Villepin entre en scène dans l’affaire Clearstream. « Je suis passé voir Dominique de Villepin au quai d’Orsay et j’ai eu brusquement une espèce de pulsion : lui parler de cette affaire (les fichiers clearstream, NDLR) », déclare Jean-Louis Gergorin à la présidente de la cour, Christiane Beauquis.
A l’appel de la présidente, Dominique de Villepin se lève et confirme que Jean-Louis Gergorin était venu le voir le 1er janvier 2004, « il était très inquiet. L’affaire n’avançait pas suffisamment vite », précise-t-il. Mais il dément qu’à cette occasion le nom de Clearstream ait été prononcé. De même il nie qu’à aucun moment il ait dit à Jean-Louis Gergorin qu’il allait en parler au président de la République.
Petit cour de fonctionnement de l’Etat
« Des dires même de Jean-Louis Gergorin on ne sait pas encore si c’est du lard ou du cochon et on en parle pas au président de la République. En termes de fonctionnement de l’Etat, l’hypothèse même d’une saisine du président de la République n’est pas possible. Je vais saisir le général Rondot comme je l’ai fait à chaque fois », explique Dominique de Villepin, donnant au passage à la cour et à un avocat qui s’aventure à lui poser une question un petit cour de fonctionnement de l’Etat dont il a le secret et qu’il avait déjà testé devant le tribunal. « La règle de base du métier diplomatique c’est l’aptitude à la confidentialité , il faut vérifier l’info ne pas être un agent de rumeur irresponsable. Mon premier devoir était d’évaluer la nature de l’information », explique l’ancien ministre des Affaires étrangères, reprenant pratiquement mot pour mot l’argumentaire déjà développé en première instance.
Autre sujet de désaccord entre Dominique de Villepin et Jean-Louis Gergorin, la note « DDV ». L’ex-responsable d’EADS affirme l’avoir envoyé à Dominique de Villepin vers le 4 janvier, mais l’ancien ministre des Affaires étrangères affirme, au contraire, ne jamais l’avoir reçue. Et de lire un paragraphe assez technique de cette note… « Je n’ose imaginer la tête de Jacques Chirac si je lui avait remis un document comme celui-ci… », ironise-t-il.
« Il n’y a pas de réunion de conspirateurs le 9 janvier ! »
En revanche il attache une toute autre importance à la lettre du 12 janvier que le général Rondot va lui adresser après la réunion du 9 au quai d’Orsay entre l’officier, Jean-Louis Gergorin et lui-même : « Le général Rondot conforte la menace internationale, cette menace paraît cohérente et sérieuse. Elle émane d’une source officielle du ministère de la Défense (Imad Lahoud NDLR) dont j’ignore tout. Le général Rondot ne met aucune limite », déclare Dominique de Villepin.
Reste à savoir ce qui s’est vraiment dit pendant cette réunion du 9 janvier : le nom de Nicolas Sarkozy a-t-il été cité comme Rondot l’affirme ? « L’esprit de la réunion est dans la lettre du 12 janvier, pas dans la note du général Rondot », explique l’ancien Premier ministre, qui « ne peut pas croire que le général Rondot ait un double langage ». « Il n’y a pas de réunion de conspirateurs le 9 janvier ! Il y a un ministre qui fait son travail », affirme avec force Dominique de Villepin. « A un moment donné, il faut revenir sur terre ! »
L’audience continue et abordera le fond de cette réunion vraisemblablement demain après-midi.
Source: Les Echos, Valérie de Senneville
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Mercredi 13 heures: Le reportage de BFM TV
Clearstream : Sarkozy ajouté sur les listings par BFMTV
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Mercredi 11 heures: Le reportage de BFM TV
Clearstream : reprise des auditions des prévenus par BFMTV
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Mardi 13 heures: Affaire Clearstream : la lettre de l’épouse d’Imad Lahoud envoyée à la cour d’appel dévoilée
Le Monde s’est procuré la lettre adressée par l’épouse Imad Lahoud à la cour d’appel de Paris jugeant en appel l’affaire Clearstream depuis lundi 2 mai. Postée en recommandé, le 29 avril, et adressée à la présidente du tribunal, Christiane Beauquis, qui a déclaré lundi 2 mai ne pas en disposer, la lettre devait lui être remise en mains propres par Olivier Pardo, l’avocat d’Imad Lahoud, mardi.
Le courrier met en cause la parole de l’ancien premier ministre Dominique de Villepin. C’est un documentaire réalisé récemment par Daniel Leconte et diffusé sur Canal+, qui a décidé l’épouse d’Imad Lahoud, Anne-Gabrielle Heilbronner-Lahoud à prendre la plume.
L’ancien secrétaire général du ministère des affaires étrangères, Philippe Faure, un proche de M. de Villepin, y niait avoir joué l’intermédiaire entre ce dernier et Imad Lahoud. Celui-ci affirmait que Dominique de Villepin lui avait demandé en 2007 de modifier des passages de son livre, Un coupable idéal, et que c’est M. Faure qui lui aurait transmis le manuscrit.
La lettre glisse donc une troisième voix, celle de Mme Heilbronner-Lahoud : « Je viens d’apprendre que M. Philippe Faure a adressé une lettre à Daniel Leconte pour nier toute implication de sa part dans la transmission du manuscrit d’Imad à M. Dominique de Villepin, écrit-elle dans sa lettre. En réaction à cette lettre, je souhaite vous indiquer que j’ai remis à Philippe Faure en mains propres le manuscrit d’Imad, manuscrit que Philippe Faure devait remettre à Dominique de Villepin à la demande de ce dernier qui avait souhaité le relire avant sa publication. »
L’épouse du prévenu a précisé au Monde : « De cette affaire, je ne sais pas tout. Mais il y a des choses que j’ai vécues et je ne peux laisser dire que certains événements n’ont pas existé. » Dans la lettre adressée à Christiane Beauquis, Anne-Gabrielle Heilbronner-Laoud, qui à l’époque des faits était conseillère auprès du ministère des a
ffaires étrangères, ajoute : « C’est également Philippe Faure qui m’a rendu le manuscrit en demandant que deux passages soient enlevés, l’un sur la détention d’un blackberry par Dominique de Villepin, l’autre sur le nombre des RV entre Dominique de Villepin et Jean-Louis Gergorin. »
Elle poursuit en expliquant avoir « redonné le manuscrit à Imad en lui indiquant les deux points sur lesquels Dominique de Villepin souhaitait des modifications ». Et de conclure : » Je me tiens naturellement à votre disposition s’il vous semblait utile que je confirme ces propos devant votre tribunal. »
Depuis le début de l’affaire, Mme Heilbronner-Lahoud avait choisi le silence « pour préserver ma famille et nos enfants », précise-t-elle au Monde. « Mon intervention d’aujourd’hui est guidée par mon sens de l’honneur, de l’éthique et du devoir. Parce que je crois dans la justice et dans la vérité, je me dois de dire ce que je sais. J’ai vraiment entendu trop de mensonges au fil de cette histoire. »
Des mensonges, son époux Imad Lahoud en a proférés plus que sa part. « Mais qui n’a pas menti ? », le défend-elle. « J’attends justement de ce procès qu’il fasse tomber les mensonges. Je ne suis pas en colère, mais en attente de tourner une page pour qu’Imad mène avec sérénité la vie qu’il a choisie. Sans doute qu’il ne s’est pas toujours posé toutes les questions qu’il aurait dû. Mais il exerce aujourd’hui un métier de rigueur où il sert l’intérêt général. »
Reçu à l’agrégation de mathématiques en 2009, Imad Lahoud enseigne dans des classes préparatoires scientifiques parisiennes. L’entrée en jeu de la fille de François Heilbronner, plusieurs fois directeur adjoint des cabinets de Jacques Chirac, fait entendre une voix plus audible que celle de son époux.
Source: Le Monde
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Mardi 10 heures: Communiqué de Dominique de Villepin suite à la disparition du député-maire de Denain, Patrick Roy
« J’apprends avec une très grande tristesse la mort de Patrick Roy. J’ai eu plusieurs fois l’occasionde le rencontrer et encore très dernièrement lors de mon déplacement à Denain, où nous avons eu une discussion chaleureuse, ouverte et tournée vers l’avenir de notre pays.
Je veux aujourd’hui saluer la mémoire d’unvrai républicain. Patrick Roy a fait preuve tout au long de sa carrière de qualités d’humanité, de respect et d’engagement qui font l’honneur de la République et il a su faire preuve face à la maladie d’un courage exceptionnel ».
Source: République Solidaire
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Mardi 8 heures 30: Affaire Clearstream: Villepin sous les projecteurs
Imad Lahoud a passé la journée d’hier à charger Jean-Louis Gergorin et Dominique de Villepin, lors de la première journée d’un procès crucial pour l’avenir politique de l’ancien Premier ministre.
Le renvoi de Dominique de Villepin devant la Cour d’appel de Paris pour l’affaire Clearstream pourrait être jugé calamiteux. Relaxé en première instance, voilà l’ancien Premier ministre à nouveau sur la sellette pour cette sombre histoire de faux listings. Il est accusé d’avoir orchestré une manipulation afin d’empêcher Nicolas Sarkozy de se présenter à la présidentielle. Le président de la République, ayant réalisé qu’il remettait en selle son ancien rival, a finalement renoncé à faire appel. Mais le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, que l’on avait cru proche de Villepin, a relancé la machine judiciaire sur instruction, glisse-t-on, de l’Élysée; ce dont se défend le magistrat. La rancune entre les deux présidentiables ne serait donc pas éteinte.
Débats plus techniques que politiques
Au total, les débats devraient être plus techniques que politiques. La culpabilité d’Imad Lahoud, affabulateur pathologique, paraît désormais établie. Celle de Jean-Louis Gergorin, l’ancien directeur de la stratégie d’EADS comme donneur d’ordre, demeure plus floue. Quant à la responsabilité de Villepin, qui aurait cru tenir une bonne affaire pour liquider Sarkozy, elle se prête à toutes les interprétations. Que l’homme ait foncé sur la muleta, agitée sous son nez, ne fait aucun doute. Que Gergorin ait voulu lui rendre service est probable. Mais l’ancien proche de Jean-Luc Lagardère a-t-il pour autant influencé l’esprit tordu de Lahoud, quitte même à lui dicter sa démarche? Et à partir de quand Villepin savait-il que les listings étaient des faux, se rendant du même coup complice de la manipulation?
Seul opposant au prince à droite
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle actualité judiciaire n’est pas forcément préjudiciable à l’ancien Premier ministre qu’elle remet sous les feux de la rampe. Et ce, alors même que la présentation de son programme de candidat à la présidentielle a fait flop. Tandis que Dominique de Villepin, lâché par les rares élus restés fidèles, notamment François Goulard, s’enferme dans une démarche solitaire, ce nouveau procès pourrait lui permettre de se poser en victime du sarkozysme. Une posture actuellement rentable dans l’opinion. Son ultime relaxe n’en reste pas moins la condition nécessaire à sa candidature à la présidentielle, actuellement occultée par celle hypothétique de Jean-Louis Borloo. Si Villepin ne décolle pas dans les sondages, c’est peut-être par manque d’empathie à l’égard des autres. Une dimension que l’ancien Premier ministre n’arrive pas à faire passer malgré la générosité de son programme électoral que d’aucuns jugent démagogique. Il n’en reste pas moins que l’homme peut encore corriger le tir. Son atout majeur réside dans son statut de seul opposant à droite au prince.
Source: Le Télégramme
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Mardi 8 heures: Clearstream : Villepin se pose en homme d’État et Lahoud attaque à tout va
C’était assez inattendu, mais il a été beaucoup question d’Oussama ben Laden à l’ouverture du procès en appel de l’affaire Clearstream. Dominique de Villepin et Imad Lahoud en ont parlé chacun leur tour, chacun à leur manière, mais si le second veut à tout prix faire passer l’ancien Premier ministre comme coupable, ce n’est pas sûr qu’il soit le plus crédible…
Ambiance apaisée, menaces rangées, voilà que la justice sereine avait sa chance. Mais Dominique de Villepin a tout de même voulu faire une déclaration très solennelle à son arrivée devant la salle d’audience. L’an dernier, tendu, il avait lancé : « Je suis ici par la volonté d’un homme, Nicolas Sarkozy… » Cette fois, grave, il a martelé : « J’espère que les nations trouveront de nouvelles coopérations, face à un terrorisme disséminé sur la scène mondiale… » Après avoir rendu hommage aux victimes des attentats revendiqués par Ben Laden.
Qu’on se le dise : c’est un homme d’État qui est entré dans la salle où il doit être jugé une seconde fois pour complicité de dénonciation calomnieuse. Au premier procès, il a été relaxé. Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin – le premier mystérieusement recommandé aux services secrets français par le second, haut cadre lunaire chez EADS – seraient donc les coupables de ces faux listings envoyés au juge Van Ruymbeke. Le premier comme petite main, le second comme inspirateur. Si Villepin a bien vu que des noms comme Sarkozy, Strauss-Kahn, Chevènement, Pasqua, Plenel y ont été ajoutés, manière de faire croire qu’ils avaient un compte caché au Luxembourg, il n’y pouvait plus rien faire, a dit le tribunal.
Mais Imad Lahoud, lui, n’est pas de cet avis. « Je suis coupable, c’est vrai. Mais Jean-Louis Gergorin est coupable et Dominique de Villepin est coupable ! » Et pendant une bonne partie de l’après-midi, il a tenté de se faire un profil crédible. Il fallait bien cela : durant toute l’instruction, puis lors du premier procès, il a multiplié les mensonges. « Quand on veut protéger les coupable
s, on est bien obligé ! », dit-il aujourd’hui.
D’abord, il veut tenter de convaincre encore qu’il avait effectivement de bonnes informations à donner à la France, quand il est rentré d’un long séjour à Londres, en 2003. « Je travaillais dans la finance. Je gérais des comptes et des flux d’argent par lesquels passaient les fortunes de la famille Ben Laden, j’aurais pu renseigner les services secrets. » Mais ceux-ci attendent toujours.
C’est tout de même aujourd’hui encore son principal passeport pour avoir infiltré l’appareil d’État. Et il n’en démord pas. Quand Paul-Albert Iwens, l’avocat de Gergorin, lui demande : « Mais Ben Laden, vous le connaissiez ?…. » Il ne se démonte pas : « Personnellement ! » C’est cet homme-là, prof de maths à 2 000 euros par mois, qui est aujourd’hui le plus cinglant accusateur de Dominique de Villepin. Qui n’a rien dit hier. Il aura la parole demain.
Source: La Voix du Nord
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Mardi 6 heures 30: Villepin n’a rien à craindre
La première audience du procès en appel de l’affaire Clearstream s’est déroulée sans passion : les effets de manche d’Imad Lahoud, l’un des co-prévenus, tombent à plat.
Pour la première audience du procès en appel de l’affaire Clearstream, Dominique de Villepin s’est efforcé de prendre de la hauteur. Avant l’ouverture des débats, l’ancien Premier ministre, vêtu d’un costume bleu nuit, a attendu à l’entrée de la chambre que la nuée de caméras se positionnent correctement pour prendre les traits d’un ministre des Affaires étrangères plutôt que celui d’un justiciable ordinaire. D’une voix solennelle, il a parlé d’Oussama Ben Laden. « Je ne pense pas à moi, mais à ces milliers d’hommes et de femmes tombés sous le coup du fanatisme et de la haine. Je veux croire que les pays occidentaux sauront éviter la tentation d’un amalgame trop souvent commis par l’administration Bush entre guerre contre le terrorisme et confrontation avec l’Islam. »
Pas un mot sur son procès, pour lequel il comparaît pour « complicité de dénonciation calomnieuse », alors qu’il a été relaxé en première instance, le 28 janvier 2010. Pas un mot non plus sur Nicolas Sarkozy, qui a retiré sa plainte en partie civile et dont le nom figurait (à tort) dans les faux listings Clearstream. Au fond de la salle, son fils Arthur, qui a toujours suivi de très près les problèmes judiciaires de son père.
Nouveau « mensonge » Quelques mètres à sa gauche, assis côte-à-côte, Jean-Louis Gergorin, le « corbeau », et Imad Lahoud, le falsificateur des listings. Le mathématicien, qui a écopé d’une peine de trois ans de prison (dont dix-huit mois avec sursis) en première instance, ne veut pas être le seul, répète-t-il, à porter le chapeau. « Je veux rétablir la vérité sur les rôles de chacun », plaide Lahoud devant la présidente du tribunal, Christiane Beauquis. Il accuse l’ex-Premier ministre d’avoir eu « un effet de levier considérable » sur lui. Pour preuve : la femme de l’ex-trader aurait envoyé vendredi dernier à la justice une lettre démontrant que Villepin le connaissait, alors que ce dernier a toujours nié avoir un lien avec lui et être ainsi impliqué dans cette affaire. Questionnée sur ce point, la présidente de la cour a répondu avec fermeté : « La cour n’a pas reçu le courrier. » Et Me Metzner de se réjouir : « C’est un nouveau mensonge, et ce ne sera pas le dernier. Dominique de Villepin est serein, il n’a rien à craindre. En ne faisant pas appel, Nicolas Sarkozy l’a reconnu innocent. »
Source: France Soir
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