Nicolas Sarkozy et François Fillon ont tenté jeudi de clore la polémique déclenchée par les déclarations d’Emmanuelle Mignon, directrice de cabinet du chef de l’Etat, donnant à penser que la France allait assouplir sa politique de lutte contre les sectes.
Selon l’hebdomadaire VSD, Emmanuelle Mignon aurait affirmé qu’ »en France, les sectes sont un non-problème », qualifiant de « scandaleuse » la liste des organisations sectaires établie en 1995 par une commission d’enquête parlementaire. Ces propos, démentis par Mme Mignon, mais confirmés par l’hebdomadaire, ont provoqué un tollé parmi les associations de lutte contre les sectes et même à l’UMP.
En déplacement à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), Nicolas Sarkozy a tenu à assurer qu’il n’avait « pas eu de faiblesse » par le passé envers l’Eglise de Scientologie et réclamé que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) « soit sévère avec toutes les activités sectaires qui abusent de la faiblesse des pauvres gens ».
Interrogé sur le fait de savoir si l’Eglise de Scientologie était une secte, il a répondu que ce n’était « pas à lui de le dire » mais à la commission du Parlement, qui a catalogué cette organisation parmi les sectes.
« Je n’ai pas eu de faiblesse, quand j’étais ministre de l’Intérieur, avec eux », a ajouté M. Sarkozy. Lorsqu’il était ministre de l’Economie, il avait pourtant été critiqué pour avoir reçu Tom Cruise, membre éminent de la scientologie, le 30 août 2004.
De son côté, François Fillon a assuré que la France « continuera à conduire » la même politique de lutte contre les sectes avec une mission interministérielle « qui restera sous l’autorité du Premier ministre ». L’hôte de Matignon a ajouté que la mission de la Miviludes ne subirait « aucun changement », souhaitant seulement que ses moyens soient renforcés.
Autant de mises au point destinées à calmer le jeu, alors que les propos d’Emmanuelle Mignon ont semé le trouble, jusque dans la majorité. « S’exprimer, c’est un métier », a ainsi taclé l’ancien Premier ministre et premier vice-président de l’UMP Jean-Pierre Raffarin.
Cette polémique, qui pose à nouveau le problème des interventions des collaborateurs de Nicolas Sarkozy dans les médias, est d’autant plus embarrassante pour la majorité qu’elle intervient à deux semaines d’élections municipales annoncées comme particulièrement délicates pour la droite. « Ce genre de polémique, on s’en passerait, notamment en période électorale », a convenu M. Raffarin.
La gauche continuait jeudi de tirer à boulets rouges sur l’exécutif. Ségolène Royal a qualifié de « totalement irresponsables » les propos d’Emmanuelle Mignon et invité le gouvernement à redevenir « sérieux ». « On ne sait plus qui gouverne: est-ce que ce sont les conseillers de l’ombre? Est-ce que ce sont les ministres? », a demandé l’adversaire de Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle de 2007.
Source: Associated Press