L’ancien président français Jacques Chirac regrette que la France et l’Algérie n’aient pu aller plus loin dans leur partenariat, dans ce message rendu public samedi par la présidence algérienne.
En visite à Alger mardi dernier, Nicolas Sarkozy avait enterré le traité d’amitié entre la France et l’Algérie
« Sans doute nos deux pays n’ont-ils pu aller aussi loin qu’ils le souhaitaient dans l’établissement du partenariat d’exception prévu par la déclaration d’Alger », écrit Jacques Chirac, en allusion au traité d’amitié qui devait être signé fin 2006 et reporté sine die. « Des progrès substantiels ont cependant pu être effectués qui rapprochent nos deux pays de la réalisation de cet objectif », ajoute-t-il.
M. Chirac dit à Abdelaziz Bouteflika qu’il a été « très heureux des libres échanges de points de vue et d’analyses » que les deux hommes ont pu avoir, dans le passé, lors de leurs entretiens. « J’ai été particulièrement sensible au sens de l’hospitalité et aux sentiments d’affection que vous-même et le peuple d’Algérie m’ont témoigné en toute occasion », dit-il.
Tout en exprimant ses « voeux de prospérité » et ceux de son épouse au peuple algérien, Jacques Chirac revient dans son message sur la visite d’Etat qu’il avait effectué en Algérie en mars 2003 pour dire qu’elle restera pour lui « un moment particulièrement mémorable pour l’accueil extraordinairement chaleureux qui me fut réservé par vous-même et le peuple algérien ».
En début de semaine, lors de sa visite à Alger, Nicolas Sarkozy avait enterré le traité d’amitié entre les deux pays. « J’ai indiqué au président Bouteflika que (…) l’amitié se nourrissait davantage de projets, d’actions, que de traités, de discours ou de paroles, et je crois que, sur ce premier point, nos montres ont marqué exactement et strictement la même heure », a expliqué M.Sarkozy.
« Je n’ai pas fait la guerre d’Algérie. Je ne suis pas de cette génération sur laquelle pèse l’Histoire. Je viens ici ni pour blesser ni pour m’excuser mais en ami, avec la volonté de participer à une entente entre deux peuples souverains », avait-il rappelé. Avant d’ajouter : « Nous voulons résolument nous tourner vers l’avenir. » Réalistes, les Algériens avaient indiqué, en privé, avoir mis « entre parenthèses » la question du bilan de la colonisation et celui de la guerre d’Algérie.
La signature du projet de « traité de paix et d’amitié », initialement prévue en 2006, avait été reportée en raison d’une polémique sur un article de la loi française de février 2005, abrogé depuis, évoquant le « rôle positif » de la colonisation.
Les Algériens exigeaient la reconnaissance par Paris des « crimes » commis, selon eux, par la colonisation en Algérie. M. Sarkozy s’y est refusé en dénonçant la tentation de la « repentance », qu’il a qualifiée de « haine de soi ».
Sources: Associated Presse, Agence France Presse et Le Monde