Une chemise rose portant la mention « Clearstream » et contenant deux notes de la DST datées du 23 octobre 2004 et du 9 décembre 2004 ainsi que huit fiches cartonnées, deux disquettes et un ordinateur portable ont été saisis jeudi dernier par les juges avant l’arrivée de Dominique de Villepin vers 19h45 à son domicile, rue Georges-Berger dans le 17ème arrondissement de Paris.
Dominique de Villepin était en vacances à Saint-Tropez lorsque les juges ont entamé, jeudi, la perquisition dans son appartement. Après s’être entretenu au téléphone avec eux, l’ancien premier ministre est aussitôt rentré sur Paris. Arrivé dans la soirée, il a pu assister à la fin des investigations dans son garage et sa cave.
Si les juges Jean-Marie d’Huy et Henri Pons veulent exploiter les fiches de la DST, placées sous scellés, ils doivent au préalable en demander la déclassification, car elles sont estampillées « confidentiel-défense ».
Lorsque l’ancien premier ministre regagne son domicile, les magistrats ne mégotent pas, quitte à froisser la susceptibilité de l’ancien chef du gouvernement: ceux-ci lui réclament son téléphone portable, qu’ils examinent de fond en comble. Puis ils exigent son portefeuille. Il « leur fait savoir qu’il n’en possède pas, que son officier de sécurité gère son quotidien », raconte « Le Monde ». Les juges d’Huy et Pons se rendent ensuite dans la cour, où ils fouillent le véhicule officiel de l’ancien premier ministre. Ils s’emparent de son sac de voyage et le vident.
Le lendemain, lors de la perquisition dans les bureaux de Dominique de Villepin dans le XVIe arrondissement, les juges ont encore emporté trois ordinateurs, une clef USB, quatre CD-Rom, deux DVD, huit Post-it, ainsi que plusieurs courriers manuscrits : une lettre de Philippe Rondot à Dominique de Villepin, datant de 1998, une deuxième du même auteur, rédigée en 2005. Enfin, ils emportent un troisième courrier, écrit cette fois par Jean-Louis Gergorin, le 30 mai 2005.
Dominique de Villepin a lui-même annoncé mardi qu’il était convoqué le 27 juillet pour être mis en examen. Selon Le Monde, sa convocation mentionne les chefs de mise en examen de « complicité de dénonciation calomnieuse, complicité d’usage de faux, recel de vol, recel d’abus de confiance ».
Selon la nièce du général Rondot, entendue le 4 juillet, et dont les PV d’audition sont publiés dans « Le Monde », les notes retrouvées sur l’ordinateur de son oncle, qui mettent en cause Dominique de Villepin, ont été écrites par elle et détruites par elle sur ordre du général dont elle était la secrétaire particulière. La nièce du général Rondot estime dans sa déposition que le général n’avait aucun intérêt à mentir dans ces écrits. « Il s’agissait de notes qui étaient destinées à son usage personnel, pour mémoire, et non pour sa hiérarchie », dit-elle.
Les faux listings de comptes ainsi que des courriers, adressés au printemps 2004 au juge Renaud van Ruymbeke, accusaient à tort des industriels, des politiques, dont Nicolas Sarkozy, et des membres des services de renseignement d’avoir touché des pots-de-vin dans la vente de frégates militaires françaises à Taïwan en 1991.
Le contenu des notes du général Rondot, qui ne sont que des retranscriptions de conversations, doit encore être confirmé par les auditions des principaux protagonistes. Les juges doivent ainsi entendre Jean-Louis Gergorin le 18 juillet, puis Imad Lahoud le 19 juillet. Les deux hommes sont déjà mis en examen pour « dénonciation calomnieuse, faux et usage ».
Sources: Associated Press, Reuters et Le Monde