Le Premier ministre a souhaité bâtir un « consensus large » sur la croissance en réunissant mardi à Bercy la première conférence sur le sujet.
« Il y a des sujets qui appellent des débats et des controverses. Mais sur la croissance, sur l’emploi, sur le désendettement, je suis convaincu que nous avons besoin avant tout de nous rassembler pour tenir le cap de notre action », a déclaré le chef du gouvernement à l’issue de cette matinée de réflexion réunissant élus, partenaires sociaux, acteurs économiques et experts, ainsi qu’un invité-vedette, l’Américain Edmund Phelps, prix Nobel d’économie.
Pour bâtir ce consensus, Dominique de Villepin a demandé à l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) de mettre à la disposition des Français « deux ou trois indicateurs » nouveaux de croissance mettant en évidence le « progrès durable ». « La croissance, ce n’est pas seulement une question économique, c’est aussi un choix de société », a-t-il résumé.
Le but de cette conférence était de réfléchir aux moyens de combler l’écart structurel de croissance d’un point entre la France et des pays comme les Etats-Unis, la Suède ou le Royaume-Uni, pour atteindre l’objectif fixé par le Premier ministre d’une progression du PIB de 3% en 2012, contre 2% en 2006. Le ministre de l’Economie Thierry Breton a confirmé les prévisions de 2% à 2,5% pour 2007 et 2008.
Cet écart de la France avec d’autres pays signifie « du pouvoir d’achat en moins pour les Français », a noté M. de Villepin. Il a observé qu’ »avec un taux de croissance comparable à celui des Etats-Unis au cours des 15 dernières années, le salaire moyen annuel des Français serait aujourd’hui supérieur de près de 9.000 euros ».
Pour atteindre cet objectif, le chef du gouvernement n’a avancé qu’une seule recette: « poursuivre et enraciner dans le temps » les choix économiques et sociaux faits depuis 2005 par son gouvernement. Il a estimé qu’il fallait « s’appuyer » sur le modèle social français, « atout dans la mondialisation« .
Parmi les pistes pour l’avenir, Dominique de Villepin a insisté sur la nécessité de poursuivre la réforme du marché du travail pour atteindre l’objectif de 6% de chômage à l’horizon 2010.
Dans le prolongement du contrat nouvelles embauches (CNE) institué par son gouvernement, il a évoqué la mise en place d’une « véritable flexisécurité à la Française » (modèle scandinave associant plus de flexibilité pour les entreprises et plus de sécurité pour les salariés), la fusion ANPE-Unedic, l’amélioration de l’orientation et de la formation professionnelle et « la revalorisation du travail par rapport à l’assistance« .
Le Premier ministre a en outre insisté sur l’importance de soutenir le développement des entreprises. Il s’est interrogé sur « le bien-fondé des réglementations » qui peuvent freiner les jeunes entreprises et les jeunes salariés.
Dominique de Villepin a enfin rappelé l’importance de l’innovation, « clé de l’avenir français » dans la mondialisation. Dans ce cadre, il a souhaité que le prochain gouvernement réforme la gouvernance des universités et leur donne de nouvelles sources de financement en modulant les droits d’inscription.
Source: Associated Press