Dominique de Villepin a présidé lundi 12 décembre 2005 en fin d’après-midi une réunion avec l’ensemble des partenaires sociaux. La rencontre, qui a eu lieu au ministère de la Cohésion sociale et de l’Emploi, a fait suite à une réunion de la Commission nationale de la négociation collective (CNNC).
Le Premier ministre a souligné que les Français avaient « compris qu’ils devraient changer plus fréquemment de travail ou d’activité et que les entreprises avaient besoin de davantage de souplesse dans leur recrutement et dans leur organisation. Mais qu’ils réclamaient deux contreparties légitimes ». La première, c’est « un parcours professionnel dynamisé et sécurisé » et la deuxième « une meilleure récompense de l’effort ».
Les principales mesures annoncées lundi aux partenaires sociaux par le Premier ministre :
Emploi
Dominique de Villepin a annoncé l’élaboration, « avant le 1er juin » 2006 et en concertation avec les partenaires sociaux, d’un « plan d’action concerté pour les jeunes » dans le domaine de l’emploi.
« Je demande à Jean-Louis Borloo et à Gérard Larcher d’ouvrir dans les toutes prochaines semaines une concertation avec vous pour construire ce plan », a déclaré le Premier ministre devant la Commission nationale de la négociation collective.
« Notre responsabilité, c’est de mieux orienter les jeunes vers les métiers d’avenir et vers les métiers en tension qui demandent de la main d’oeuvre », a-t-il précisé.
Deuxième axe de l’intervention du Premier ministre : « Bâtir un parcours professionnel sécurisé », c’est-à-dire « offrir à tous les salariés qui connaissent le chômage les moyens de retrouver un emploi dans les meilleures conditions ».
- Le Chef du Gouvernement a annoncé le lancement d’ici le 1er septembre 2006 d’un « service public de l’orientation » et la nomination « dans les prochains jours » d’un délégué interministériel chargé de coordonner ce chantier. « J’ai décidé la mise en place d’un service public de l’orientation, qui permettra à chacun de mieux connaître les filières dans lesquelles il s’engage », a annoncé le Premier ministre. Il devra être opérationnel « au 1er septembre 2006″, a-t-il dit.
« Tous les jeunes auront accès à un portail de l’orientation pour choisir les formations qui leur conviennent le mieux et qui leur offrent les meilleurs débouchés professionnels », a ajouté le Premier ministre.
Ces jeunes pourront aussi bénéficier dans chaque université d’un « service des stages et de l’emploi », ouvert aux élèves du secondaire comme aux étudiants.
- Dans six bassins d’emploi en difficulté sera expérimenté « un contrat de transition professionnelle (CTP) pour les licenciés économiques d’entreprises de moins de 300 salariés ». Un salarié licencié signant ce type de contrat touchera une rémunération proche de son ancien salaire et bénéficiera d’une formation tout en mettant son expérience professionnelle au service d’entreprises privées ou d’organismes publics.
Le contrat sera financé par les Assedic, les entreprises pour lesquelles le signataire travaillera et par l’Etat. Le CTP sera expérimenté durant un an en 2006 à Saint-Dié (Vosges), Vitré (Ille-et-Vilaine), Morlaix (Finistère), Valenciennes (Nord), Toulon (Var) et Charleville-Mézières (Ardennes).
Formation
Le Premier ministre a souhaité la mise oeuvre d’un droit « universel » à la formation « d’une durée d’un an pour tous ceux qui n’auraient pas eu la possibilité de poursuivre leur scolarité au-delà de 16 ans et qui auraient déjà eu une expérience professionnelle d’au moins deux ans ».
« Nous pourrions ouvrir ce droit dès la rentrée 2006 à tous les jeunes qui auraient choisi de s’engager dans la voie de l’apprentissage junior puis dans la vie professionnelle », a déclaré Dominique de Villepin.
« Il s’agira d’une première expérimentation. Nous verrons ensuite comment étendre progressivement le dispositif aux autres publics », a-t-il précisé. « Notre objectif commun devrait être de passer d’un droit individuel à la formation à un droit universel pour tous les actifs et tout au long de la vie », a-t-il ajouté.
Dominique de Villepin a également annoncé son objectif de « tripler » le nombre de bénéficiaires de la validation des acquis de l’expérience (VAE) pour le faire passer de 20 000 en 2005 à 60 000 en 2006. « Il faut mieux coordonner le dispositif en confiant le pilotage de la VAE à la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle du ministère du Travail », a déclaré le Premier ministre. Il faut aussi « simplifier et raccourcir les processus d’obtention des diplômes », a-t-il poursuivi en souhaitant que « l’ensemble des salariés ait accès à la VAE ».
Pouvoir d’achat
Pour les fonctionnaires, l’Etat va « poursuivre ses efforts » en matière salariale, a dit Dominique de Villepin, avec « bon espoir » que des « terrains d’entente » seront trouvés « au début de 2006″.
Dans le secteur privé, il a demandé aux branches professionnelles qui n’ont toujours pas conclu d’accord salarial de le faire avant le 15 mars 2006.
Mais surtout, il a insisté pour que « les Français puissent toucher les dividendes de leur travail », via un développement de la participation, « une idée moderne, parfaitement adaptée à notre économie mondialisée ».
Un projet de loi sur la participation, préparé par les ministres de l’Economie et délégué à l’Emploi, Thierry Breton et Gérard Larcher, sera discuté au Parlement au premier semestre 2006, et instituera « un dividende du travail », avec notamment « une incitation à la distribution d’actions gratuites pour tous les salariés » et un assouplissement de l’intéressement.