Nous vivons dans un système de Cour et nous ne le savons pas. Un essai incisif qui démontre historiquement le détournement de la Révolution et les faux-semblants de la démocratie française.
Nous vivons dans un système de cour et nous ne le savons pas.
En apparence, nous évoluons dans une démocratie exemplaire, assise sur le suffrage universel et la récompense du mérite. En réalité, il n’en est rien, nous démontre Dominique de Villepin dans cet essai historique qui retrace l’histoire de la cour depuis sa fondation jusqu’à nos jours.
A la fois instrument pour parvenir et foire aux vanités, la cour est indissociable du pouvoir, qui n’a cessé de croître, et d’élites, qui n’ont cessé de se déchirer pour le conquérir puis le conserver.
Conjuguant la démarche de l’historien et le regard du témoin, l’ancien Premier ministre nous retrace une autre histoire de France vue à travers le prisme du pouvoir et de ses élites. A l’exception des moments où une figure de proue parvient à dominer la cour et imposer un grand dessein – Louis XIV, Napoléon, de Gaulle -, l’esprit de cour domine la scène ; avec d’autant plus d’efficacité qu’il avance dans l’ombre, sous couvert de principes dont il se réclame pour mieux les contourner. C’est ainsi que la Révolution puis la République se sont détournées de leur essence au profit de « l’éternel retour » de la courtisanerie avec son cortège de complots et de cabales.
Dans le dernier chapitre intitulé « Le déclin présidentiel », l’auteur – pour la première fois – raconte son expérience et nous livre des confidences inédites, notamment sur sa relation avec Jacques Chirac, et les raisons de sa « rupture » avec Nicolas Sarkozy.
De l’esprit de Cour
La malédiction française
Dominique de VILLEPIN
Parution : novembre 2010
Pages : 224
Prix : 18€
Villepin kärchérise Sarkozy et la courtisanerie
Dans son dernier livre, De l’esprit de cour, dont L’Express publie des extraits ce mercredi, Dominique de Villepin se livre à une critique féroce de Nicolas Sarkozy et de l’esprit de courtisanerie, cette « malédiction française »
Les mots sont durs, le constat terrible et la charge contre Nicolas Sarkozy menée à vive allure. Dans son dernier livre, De l’Esprit de cour, dont les bonnes feuilles sont à lire dans L’Express , l’ancien Premier ministre, Dominique de Villepin dénonce cette « malédiction française » que serait la courtisanerie. Egratignant Valéry Giscard d’Estaing – « un président qui ne manque pas d’étonner quand il n’irrite pas en confondant le fait d’être hautain avec la hauteur et la prestance avec le snobisme » – épargnant Jacques Chirac à qui il doit sa carrière politique, Dominique De Villepin garde ses attaques les plus acerbes pour son meilleur ennemi: le président actuel.
« Nicolas Sarkozy a innové en inventant une cour à son image. Elle a la peur comme moyen, l’argent comme fin et le spectacle médiatique comme théâtre de sa mise en scène narcissique. La politique n’y est pas perçu comme un levier, encore moins comme un idéal, mais comme un marché où l’on achète et brade les hommes comme les idées en fonction de l’intérêt du moment », écrit-il.
Perroquets apeurés et flatteurs impénitents
Abus du pouvoir de nomination, division comme méthode, abaissement de la présidence avec des dérapages verbaux, dénonciation des « perroquets apeurés distillant en boucle les mêmes éléments de langage », des « flatteurs impénitents », des « roseaux plus penchés que pensants », la liste des attaques contre le système Sarkozy est fournie. Sous sa plume, Nicolas Sarkozy devient le premier des courtisans, celui qui « s’épuise dans l’art de séduire l’opinion. »
Pour dépeindre ce président qui, dit-il, aurait voulu le « pendre à un croc de boucher », Villepin raille un homme qui « s’est forgé une vision de la France qui lui ressemble, c’est-à-dire individualiste, avide de réussite sociale et personnelle, obsédée par les biens matériels et indifférente à l’Histoire. »
Le procès Clearstream avait déjà avivé la guerre entre les deux hommes. Après la relaxe prononcée en janvier dernier en faveur de Dominique de Villepin, l’appel fait par le parquet doit aboutir à un nouveau procès dont la date devrait être connue ce mercredi. Le livre de cette lutte est donc loin d’être refermé.
Source: JDD.fr
Quand de Villepin tance le système Sarkozy
Dans son livre à paraître, De l’esprit de cour, la malédiction française, Dominique de Villepin analyse sans complaisance l’hyperprésidence de Nicolas Sarkozy, où « pour la première fois, le pouvoir se confond avec la cour ».
C’est une nouvelle bombe que s’apprête à lâcher l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin. Un livre en forme de scud à même de raviver les tensions entre sarkozystes et villepinistes dans une majorité divisée. Avec De l’esprit de cour, la malédiction française, l’ancien chef de cabinet de Jacques Chirac n’épargne pas la première partie du mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy, son meilleur ennemi et possible rival en 2012. Si certains élus UMP, comme Hervé Mariton, espèrent une réconciliation, la parution de ce livre ne va pas dans ce sens. Sarkozy, « les perroquets apeurés » et les « flatteurs impénitents »
Dans cet ouvrage, dont les bonnes feuilles ont été publiées par l’Express, le fondateur de République Solidaire estime que « le sarkozysme représente la France vue d’en haut, du point de vue des élites qui voudraient refaire la nation à leur image, ou plutôt à l’image de leurs intérêts. » Le ton est donné, le verbe fort, l’attaque calculée. « Aux antipodes de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a d’abord dévalorisé la présidence en la surexposant médiatiquement », tacle le chiraquien pour qui « l’homme n’a pas de surmoi, et veut être aimé pour ce qu’il est. Il s’est forgé une vision de la France qui lui ressemble, c’est à dire individualiste ». Et de Villepin d’ajouter, à propos du locataire de l’Elysée : « C’est ainsi qu’il apparaît dans la campagne de 2007, brillamment orchestrée, en condottière néoconservateur. »
« Pour la première fois, le pouvoir se confond avec la cour. Mieux, le pouvoir se fait cour. Voilà le paradoxe », stigmatise celui qui se présente comme le rival de Nicolas Sarkozy pour 2012. « Enfin, l’hyperprésidence a poussé au paroxysme les pratiques de cour », juge de Villepin, abordant là le thème central de son ouvrage. Et c’est l’ensemble de la majorité et de l’entourage du président qui en prend sérieusement pour son grade. « Il a fait prospérer une cour invraisemblable de perroquets apeurés distillant en boucle les mêmes éléments de langage, de flatteurs impénitents, de roseaux plus penchés que pensants qui ne vivent qu’à travers le regard du prince. »
Mais de Villepin passe aussi de la pommade à ces égratignures qu’il balance en rafales. A propos de la création du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale, que le chef de l’Etat aurait hésité à créer une fois élu, « DDV » salue « un comportement qui traduit une sincérité certaine. » Pas sûr que cette nuance atténue la portée et la violence des attaques formulées dans son livre.
Source: France Soir
Dans un livre, Villepin attaque Sarkozy et ses «pratiques de cour»
L’ancien Premier ministre y accuse notamment le chef de l’Etat d’avoir «dévalorisé la fonction présidentielle».
Attaque du modèle social et républicain français, instrumentalisation des peurs, pratique de cour… Dominique de Villepin pourfend, dans un livre, la présidence de Nicolas Sarkozy qu’il accuse notamment d’avoir «dévalorisé la fonction présidentielle».
«La rupture», promise par le candidat Sarkozy en 2007, «est une revanche personnelle, mais aussi une revanche contre l’histoire de France, contre tout ce qu’elle porte», écrit son ennemi juré, dans un livre intitulé «L’esprit de cour» (éditions Perrin), dont l’Express publie, ce mercredi, les bonnes feuilles. «Rien n’est épargné par ses attaques: le modèle social né de la Libération, l’Etat, qui a construit la nation, les principes républicains», dénonce l’ex-Premier ministre pour qui «le sarkozysme représente la France vue d’en haut, du point de vue d’élites qui voudraient refaire la nation à leur image, ou plutôt à l’image de leurs intérêts».
Pour le président du parti République solidaire, qui garde toutefois sa carte à l’UMP, le chef de l’Etat privilégie «l’instrumentalisation des peurs et érige la division en méthode à travers l’activation des clivages idéologiques, la stigmatisation des immigrés ou de l’islam et la recherche de boucs émissaires». «Approche utilitaire et opportuniste de la politique»
«Cette vindicte masque une approche utilitaire et opportuniste de la politique, qui, conformément à l’esprit de cour, juge d’une action en fonction de son intérêt immédiat et de son apport tactique», dénonce-t-il encore. Dépeignant un Sarkozy qui «s’est forgé une vision de la France qui lui ressemble, c’est-à-dire individualiste, avide de réussite sociale et personnelle, obsédée par les biens matériels et indifférente à l’Histoire».
L’ex-secrétaire général de l’Elysée en rajoute une louche, accusant Sarkozy d’avoir «dévalorisé la présidence en la surexposant médiatiquement» mais aussi «par ses dérapages verbaux». Enfin Villepin met en cause «les pratiques de cour» de «l’hyperprésidence» en évoquant un entourage de «perroquets apeurés distillant en
boucle les mêmes éléments de langage, de flatteurs impénitents, de roseaux plus penchés que pensants qui ne vivent qu’à travers le regard du prince».
«Nicolas Sarkozy a innové en inventant une cour à son image, enfonce Villepin. Elle a la peur comme moyen, l’argent comme fin et le spectacle médiatique comme théâtre de sa mise en scène narcissique. La politique n’y est pas perçue comme un levier, encore moins comme un idéal, mais comme un marché où l’on achète et brade les hommes comme les idées en fonction de l’intérêt du moment.»
Source: Libération
Villepin stigmatise Sarkozy et sa « cour »
L’ex-Premier ministre publie « De l’esprit de cour », dans lequel il pourfend le chef de l’Etat. Près de cinq mois après avoir créé son parti, il se cherche un nouveau souffle.
Rien de mieux qu’un nouveau livre pour s’inviter sur les ondes et les plateaux de télévision. Et tenter de donner un nouveau souffle à sa campagne. Dominique de Villepin était jeudi sur RTL, sera l’invité du « Grand rendez-vous » d’Europe 1 dimanche, celui de Canal+ le lendemain, avant d’être sur France Info mardi. Son dernier ouvrage, intitulé « De l’esprit de cour » et édité par Perrin, sort ce lundi en librairie. L’ancien Premier ministre le qualifie lui-même d’« appel au sursaut ». Contre ce système de « courtisans » et de « privilèges » qui « corrode notre jugement et notre liberté ». Contre Nicolas Sarkozy, surtout, accusé de dévoyer le modèle social et l’Etat.
Dominique de Villepin ne consacre au chef de l’Etat que 13 pages mais elles sont écrites au vitriol. Pour lui, Nicolas Sarkozy, « le premier des courtisans », « s’épuise dans l’art de séduire l’opinion », « achète et brade les hommes comme les idées en fonction de l’intérêt du moment ». A l’opposé de « l’anticour » de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy « a innové en inventant une cour à son image : elle a la peur comme moyen, l’argent comme fin, et le spectacle médiatique comme théâtre de sa mise en scène narcissique », écrit-il, raillant ces « perroquets apeurés distillant en boucle les mêmes éléments de langage », ces « flatteurs impénitents » et ces « roseaux plus penchés que pensants qui ne vivent qu’à travers le regard du Prince ». « Pour la première fois, fustige-t-il, le pouvoir se confond avec la cour. Mieux, le pouvoir se fait cour. »
Ouvrir une nouvelle page de la campagne
Reste à voir si cette nouvelle charge, qui n’est pas sans rappeler celle de François Bayrou dans « Abus de pouvoir », suffira à faire gagner à son auteur quelques points dans les sondages et créer une dynamique. C’est pourtant là, selon un de ses proches, « le grand défi du moment ». Malgré ses efforts, le leader de République solidaire fait du surplace à 7 % dans les intentions de vote au premier tour de la présidentielle. « Etre à ce niveau quand on est parti depuis moins d’un an, ce n’est pas de l’ordre de la banalité », rétorque Marie-Anne Montchamp, la porte-parole du mouvement.
Mercredi soir, lors d’une réunion de l’état-major du parti, le dernier Premier ministre de Jacques Chirac et ses lieutenants se sont toutefois montrés soucieux d’ouvrir une nouvelle page de la campagne, tout en s’interrogeant sur l’orientation à lui donner. Certains prônent une « séquence de la responsabilité » pour tenter d’attirer des élus de la majorité. D’autres défendent une ligne plus dure, qui « clive » avec l’UMP.
Le vote de la réforme des retraites a illustré, fin octobre, ces divergences de vue sur la stratégie à suivre. Cinq députés villepinistes ont approuvé le texte ; les quatre autres se sont abstenus. « De l’esprit de cour » fait également débat. Un proche de Dominique de Villepin avoue craindre que le livre n’enferme un peu plus son auteur dans l’anti-sarkozysme…
Source: Pierre-Alain Furbury (Les Echos)