Dominique de Villepin était l’invité de la première partie de l’émission C à vous, mercredi dernier, sur France 5.
« C’est parce que je suis inquiet de la situation de la France, malheureux de la politique qui est menée que j’ai décidé de créer un nouveau mouvement qui sera annoncé le 19 juin à Paris, dans le 13ème arrondisement, à la Halle Freyssinet. (…)
A l’évidence, nous voulons défendre une alternative, une autre politique que celle qui est menée, parce que j’ai le sentiment que cette politique ne donne pas les résultats espérés, qu’elle n’est pas à la mesure des enjeux de notre pays. Nous sommes dans une situation extrêmement difficile et je ne sens pas aujourd’hui l’élan, l’ambition qui me paraîtraient nécessaires pour que la France puisse rester elle-même. »
Remerciements à Nathalie pour ces captures d’écran
Dominique de Villepin revient dans l’arène politique. Depuis sa relaxe dans l’affaire Clearstream, il n’a d’ailleurs cessé de rencontrer les Français – au Salon de l’agriculture, en banlieue… – et a annoncé pour le 19 juin 2010, la son propre mouvement politique. Quelle est sa position par rapport à l’action du gouvernement ? Est-il un opposant de droite à Nicolas Sarkozy ? Comment son courant se distinguera-t-il de l’UMP ?
Dominique de Villepin était l’invité de la première partie de C à vous (voir la vidéo, de la 11è à la 25è minute).
Sur les primaires à l’UMP
« Je suis gaulliste. Les gaullistes ne se soumettent pas à des machines partisanes ou des moulinettes partisanes. La démarche pour tout gaulliste est d’aller à la rencontre du peuple et des Français. »
Sur le choix de la date du 19 juin, lendemain du 70ème anniversaire de l’appel du Général de Gaulle
« Je me suis engagé sous l’aspiration gaulliste. Donc on laisse passer la journée du 18 et le 19, on se met au travail. »
Sur l’objectif du mouvement qui va être lancé par Dominique de Villepin
« L’objectif, c’est surtout de s’adresser à tous ceux qui ne s’intéressent plus à la politique. Il y a plus de 50% des gens qui ne participent pas aux élections. Et donc ce mouvement, c’est un mouvement de mission. C’est un mouvement qui vise à dire: « vous n’avez pas les réponses que vous attendez, c’est très dommage, et nous allons ensemble trouver des réponses et faire avancer les choses ». »
Sur la politique du gouvernement
« On a du mal à regarder la réalité en face. C’est, je crois, l’un des problèmes principaux que nous avons. Manifestement, le pouvoir en place ne souhaite pas changer la politique qui a été définie depuis 2007. Cette politique, manifestement, elle ne donne pas les résultats. (…) Ce que je constate, c’est que cette politique n’est pas adaptée à la situation. Cette politique nous éloigne de nos grands partenaires, et nous voyons aujourd’hui la divergence avec l’Allemagne: c’est un élément de grande inquiétude pour la France C’est donc une alternative qu’il faut proposer: c’est la conviction que j’ai aujourd’hui. »
Sur la méthode du gouvernement pour la réforme des retraites
« On effeuille la marguerite, donc on ne sait pas très bien où on en est. On parle d’un levier, et puis d’un autre. Une réforme, c’est la hiérarchie entre les différents outils. (…) Il faut d’abord donner des garanties aux Français. Quelles garanties de justice? (…) Et puis crédibilité de la réforme d’ensemble: quel projet de société? comment fait-on pour ceux qui partent aujourd’hui sans emploi dès 50 ans? comment fait-on pour les jeunes, pour les femmes qui ont une carrière discontinue? C’est toute cette vision qui manque. Moi, ce qui m’inquiète, c’est une vision comptable, politicienne (…) alors que ce qu’on attend, c’est une vision juste, par paliers, équilibrée et qui montre aux Français que leur avenir est assuré. »
Sur la crise économique
« Soyons pragmatiques. Il y a deux exigences qui doivent permettre à la France de sortir de cette situation difficile dans laquelle elle est. La première, c’est effectivement: coordonner notre politique avec l’Allemagne. Il est très curieux, en termes politiques, de constater que le dîner entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy a été reporté, justement parce que l’Allemagne est en train de ficeler ses propres mesures. (…) En tout état de cause, s’éloigner aujourd’hui d’une stratégie commune et coordonnée est une mauvaise chose. La deuxième chose, c’est qu’il faut travailler sur tous les leviers: qu’il s’agisse des leviers de la dépense publique et de l’augmentation d’impôts, avec une exigence fondamentale qui est celle de la justice sociale. Si la politique aujourd’hui a perdu sa crédibilité, c’est en grande partie parce que les Français ont le sentiment que cette politique n’est pas juste. »
Sur la politique étrangère de Nicolas Sarkozy
« J’ai salué la réactivité de la politique de la France en certaines circonstances importantes. (…) Mais d’une manière générale, je suis inquiet de voir la voix de la France, les positions de la France s’effacer sur la scène mondiale. »
Sur la relation franco-israélienne
« C’est une relation très importante. J’ai contribué moi-même à la remettre sur pied à l’époque où j’étais Ministre des Affaires Etrangères. (…) Mais aujourd’hui, il faut pouvoir se parler franchement. Il faut pouvoir constater qu’année après année, l’engrenage de la force qui a été décidé par le gouvernement israélien, l’intervention militaire à Gaza et récemment ce drame de la flottille ne font que mener la région à l’impasse. Et c’est bien aujourd’hui la question qui est sur la table. Comment peut-on faire que la région aille mieux et que le processus de paix puisse reprendre? Comment fait-on pour qu’un véritable interlocuteur palestinien puisse s’affirmer? Comment fait-on pour répondre à l’exigence légitime d’Israël en matière de sécurité, pour apporter des garanties? Nous savons tous les roquettes qui sont lancées en territoire israélien ou les attaques suicides. Il y a là donc manifestement, un problème qui n’est pas traité, une inquiétude qui croît de part et d’autre et surtout, une situation qui se détériore. »
Sur les motivations de Dominique de Villepin à faire de la politique
« C’est profondément l’inquiétude devant la situation de notre pays et l’inquiétude qui s’est exprimée auprès de moi de la part de nos compatriotes. (…) Aujourd’hui, l’horizon s’est obscurci. (…) Je ne veux regarder que devant et qu’avec le souci de trouver ou de rechercher des réponses aux préoccupations des Français. »