Alors que s’achève une semaine politique marquée par les sondages plaçant Marine Le Pen en tête des intentions de vote au premier tour des élections présidentielles ainsi que par les propos d’une députée UMP flirtant ouvertement avec les thèses de l’extrême-droite, relisons les propos de celui qui n’a jamais cédé à la tentation de l’extrémisme: le Président Jacques Chirac.
Souvenez-vous, c’était à Villepinte en mai 2002, à quelques jours de son face-à-face électoral avec Jean-Marie Le Pen…
« Aujourd’hui, c’est vrai, la Nation est troublée. Troublée dans sa sécurité. Jamais dans l’histoire un peuple n’a pu construire de grandes choses en vivant dans la crainte. Et pourtant, le chemin n’est pas si long pour rétablir le respect des règles et l’harmonie de la vie en société. Si chacun, à commencer par l’Etat, assume les exigences de l’autorité, vous verrez que la violence cédera, que la peur qui empêche de se projeter vers l’avenir reculera, que la tranquillité publique sera reconquise.
La Nation est aussi troublée dans ses solidarités et sa cohésion. Parce que l’avenir des retraites n’est pas assuré. Parce que le monde de la santé est en crise. Parce que beaucoup de Français ont le sentiment de ne pas être suffisamment soutenus, de cumuler les charges du présent et les risques de l’avenir. Et plus encore parce que, depuis près d’un an, le chômage est hélas ! reparti à la hausse. Et pourtant, nous sommes forts d’un modèle qui a fait ses preuves, un modèle qui allie depuis longtemps le développement économique et le progrès social. Un modèle qui conjugue initiative et protection. Il est temps, grand temps, de rétablir son dynamisme et son efficacité.
Notre Nation est également troublée dans ses projets, ses ambitions, sa capacité à cueillir les promesses du nouveau siècle. Aujourd’hui, la France tourne au ralenti. Le travail n’a plus la place qui lui revient. Il n’est plus suffisamment encouragé ni récompensé. Nos énergies sont prisonnières. Notre fiscalité est parmi les plus élevées d’Europe. Notre bureaucratie entrave nos forces vives. Et pourtant, la France est travailleuse, active, ardente à la tâche. La France est riche de ses capacités d’initiative, de sa volonté de créer, d’entreprendre, d’innover. Elle ne demande qu’à aller de l’avant. Elle n’attend qu’un signal.
Ce signal, c’est à vous, dimanche, de le donner !
Contre l’indifférence. Contre le scepticisme. Contre le désenchantement, l’inaction et l’impuissance publique.
Pour redonner tout son sens à notre vie démocratique. Pour placer l’action au coeur du pacte républicain. Pour remettre l’Etat au service de chaque Français.
Dimanche prochain, l’avenir de la France vous appartient.
Beaucoup de nos compatriotes ont dit leur désarroi face à un monde incertain, dont ils ont l’impression d’avoir perdu les clés. Ils ont dit leur sentiment d’être le jouet de forces qui les dépassent et que personne ne maîtrise. Leur volonté que revienne l’ordre républicain sur l’ensemble de notre territoire. Leur aspiration, très forte, à davantage de considération. Leur sentiment d’être trop souvent laissés seuls pour affronter les difficultés de la vie. Leur besoin de repères, de références dans un monde de plus en plus globalisé et de plus en plus instable. Leur distance à l’égard du système politique traditionnel. Leur exigence d’action et de résultat. Mais aussi le désir de voir la France retrouver une ambition digne de son histoire.
La réponse à ces inquiétudes, à ces attentes, ce ne sont pas des solutions simplistes et des slogans démagogiques qui l’apporteront.
La réponse, ce n’est pas l’extrémisme.
L’extrémisme dégrade et salit l’image et même l’honneur de la France.
Aux heures sombres, les dirigeants de l’extrême-droite ont trahi le peuple français en s’alliant aux forces du mal et aux ennemis de la patrie. Aux jours de danger pour la République, ils appelaient à abattre le Général de Gaulle. Ces dirigeants assument aujourd’hui sans fard, et parfois avec arrogance, un passé de honte, de lâcheté, de compromission et de trahison. L’histoire les a définitivement disqualifiés pour parler au nom de la France.
Nous ne pouvons pas jouer avec ce que notre pays représente pour tant de peuples humiliés, privés de liberté, privés d’expression démocratique. Nous n’avons pas le droit de brouiller le message de la France, d’ébranler son influence et son crédit, d’affaiblir la force de sa voix quand elle défend la tolérance, le respect de l’autre, la solidarité internationale.
L’extrême-droite divise, trie et rejette. Elle veut introduire l’inégalité et la discrimination au coeur de la Constitution. Elle est un moteur d’exclusion, de discorde et de violence sociale. Elle refuse de voir la France comme un tout, de mettre en valeur toutes ses richesses et sa diversité, de faire jouer toutes ses solidarités.
Je veux une France unie. Une France où les différences s’additionnent au lieu de se combattre. Une France qui réapprenne à faire vivre ensemble des femmes et des hommes de toutes origines.
Je sais que ce n’est pas toujours le cas aujourd’hui.
La solution n’est évidemment pas dans la tentation communautariste, qui dresse les Français les uns contre les autres. Elle n’est pas dans le repli identitaire, qui place l’appartenance à un groupe social, à une catégorie, à une religion, avant la conscience et la fierté d’être français.
Mais elle n’est pas non plus dans le rejet de l’autre que préconise une extrême-droite qui veut rendre impossible toute forme d’intégration.
Rien ne serait plus contraire à notre histoire et à nos principes républicains, rien ne serait plus dangereux pour l’avenir, que de ne pas donner aux étrangers présents sur notre sol, en situation régulière, respectueux de nos lois, les moyens de s’intégrer dans notre pays. Que de refuser à leurs enfants l’égalité des chances. Exclure l’intégration, créer la précarité, ce serait fermer l’horizon, ce serait nourrir le désespoir, ce serait enclencher des mécaniques de discorde, de violence et d’affrontement, et ce serait même déchirer notre tissu national en opposant entre eux les Français de toutes origines.
La solution, elle est dans l’affirmation de nos valeurs. Elle est dans la rénovation de notre modèle d’intégration. Elle est dans le respect des droits mais aussi des devoirs de chacun. Elle est dans l’application ferme de nos lois, notamment contre l’immigration clandestine et les trafics inhumains auxquels elle donne lieu. Elle est dans la mise en place d’un véritable contrôle de l’immigration aux frontières de l’Europe. Elle est dans la coopération avec les pays pauvres, dans une aide plus efficace à leur développement.
L’intolérance peut nourrir des formules à l’emporte-pièce, pas une politique. Elle ne saurait assurer l’avenir d’un pays.
L’extrémisme ne propose pas d’explication ni de solutions. Il veut tromper. La mise en oeuvre de ses idées serait ruineuse pour notre économie. Son programme est un programme d’appauvrissement des Français : les salariés, les PME et les agriculteurs à cause de la sortie de l’Europe ; les retraités mais aussi les demandeurs d’emploi, à cause de la diminution brutale et drastique des prélèvements qui financent leurs revenus. Son programme est aussi un programme de dépérissement des services publics, l’éducation nationale, l’hôpital, la police, la gendarmerie, promis à une baisse radicale de la dépense publique. »
Source: Jacques Chirac – Dernier meeting de la campagne présidentielle de 2002 – Villepinte, le 2 mai 2002
*****
Jacques Le Guen: Brunel devrait démissionner
Le député UMP Jacques Le Guen (villepiniste) a estimé mercredi que sa collègue Chantal Brunel « devrait avoir au moins la délicatesse de démissionner de l’UMP » après sa sortie sur l’immigration.
« On ne peut pas continuer à dire tout et n’importe quoi et à stigmatiser les immigrés comme étant la source de tous les maux de la terre. La tradition française a toujours été de sauver les gens et non pas de les refouler », a ajouté le député du Finistère, proche de Dom
inique de Villepin.
« Je ne peux pas accepter que l’on puisse remettre en cause ce que représente la pensée morale de la droite républicaine », a-t-il ajouté, mettant les propos de Chantal Brunel sur le compte d’un « dérapage personnel ». « L’UMP est un conglomérat dont on sait très bien que le ciment n’a jamais pu lier les petits cailloux », a-t-il jugé.
Le Premier ministre François Fillon a désapprouvé mercredi devant l’Assemblée nationale les propos tenus la veille par Mme Brunel, qui avait suggéré « de remettre dans les bateaux » les immigrés « qui viendraient de la Méditerranée », tout en prenant acte de ses excuses.
Source: AFP