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Dominique de Villepin ne se laissera pas "acheter"

L’ex-Premier ministre est prêt à rencontrer Sarkozy dans le cadre des consultations du G20. Mais refuse toute idée de ralliement au chef de l’Etat.

La date des retrouvailles n’est pas encore fixée. Mais la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin aura bien lieu. Pas le 20 janvier, comme l’ont cru, un peu vite, les entourages des deux hommes. Pas le 28 non plus, car l’ancien Premier ministre a programmé ce jour-là un débat avec Ségolène Royal. Le tête-à-tête devrait donc se dérouler vraisemblablement entre ces deux dates.

« Je n’ai pas encore reçu officiellement l’invitation mais, bien sûr que je m’y rendrai puisque le Président a décidé de consulter les anciens Premiers ministres », confie Dominique de Villepin. A l’Elysée, on confirme: « Dans le cadre de la préparation du G20, Nicolas Sarkozy recevra d’abord Valéry Giscard d’Estaing puis Jacques Chirac. Ensuite, il rencontrera tous les anciens Premiers ministres depuis 1997. » Autant de rendez-vous (de Jospin à Villepin) qui se tiendront probablement à partir du 24 janvier.

Dominique de Villepin, qui n’a pas revu Nicolas Sarkozy depuis deux ans, refuse d’établir un lien entre cette rencontre et l’affaire Clearstream. Encore moins avec sa propre ambition présidentielle.

« On peut parler sur le fond, mais je resterai insensible à toute espèce de danse du ventre. Je ne suis pas négociable. Je ne suis pas quelqu’un qu’on achète. Je ne relève pas d’une mission ou d’un portefeuille ministériels », confie le fondateur de République solidaire. « J’ai un mouvement, un projet. Je trace une route », insiste-t-il.

Dominique de Villepin ne veut plus, en effet, qu’on l’enferme uniquement dans la posture de celui qui pilonne son rival Sarkozy. A l’heure des bonnes résolutions, il veut être en 2011 une « force de propositions ».

« Le président sortant ne sera pas réélu en 2012″

Point de ralliement donc. Dans son esprit, cela ne semble pas à l’ordre du jour. Quand on lui suggère l’idée que ces rencontres sont organisées uniquement pour permettre l’affichage d’un Villepin de retour à l’Elysée, l’ex-Premier ministre hausse les épaules.

« Tout ça est surtout organisé pour vous, les médias. Ce n’est pas moi qu’il veut convaincre, ce sont les journalistes. » Selon le chiraquien, aucun ralliement ne serait donc possible, car Sarkozy « n’a rien fait pour ça ». « Il faudrait qu’il fasse beaucoup d’efforts. Et en plus, s’emporte-t-il, il faudrait qu’il incarne l’intérêt général », martèle le gaulliste. Derrière les grands mots, la porte n’est donc pas totalement fermée.

L’ex-villepiniste Georges Tron, devenu secrétaire d’Etat à la Fonction publique, estime que Villepin cherche une « sortie par le haut ». « Il voit bien que soit il fait perdre son camp, soit il est condamné à une candidature de témoignage », confie en privé le maire de Draveil.

Est-ce pour cela que ses anciens ministres Jean-François Copé et François Baroin ou encore Bruno Le Maire, qui fut son directeur de cabinet, déjeunent avec lui pour le convaincre de renoncer à 2012? « Je remarque que Sarkozy est entouré de tous mes fidèles. Ils sont loyaux comme des gens qui ne peuvent rien pour lui. Je les aime bien mais jamais ils ne m’ont demandé en face de renoncer à une candidature. »

Car Villepin reste convaincu que le président sortant ne sera pas réélu en 2012. Selon lui, le jeu politique est « fictif » pour ceux qui sont en haut dans les sondages d’intentions de vote comme pour ceux (comme lui) qui pointent à 8%.

Le président de République solidaire veut croire qu’avec ses troupes il est en mesure de bâtir un projet « audacieux » pour 2012. Car le pays a besoin, dit-il, d’un « projet puissant ». Pas d’un projet de « compromis » que seraient en train de préparer, poursuit-il, l’UMP et le PS.

Déterminé, il enchaîne déjeuners et rencontres avec Alain Juppé (« un grand professionnel »), avec Jean-Louis Borloo (« on s’entend bien ») et d’autres responsables de l’UMP.

« Je prends ma décision chaque jour un peu plus. » Après avoir raté 2007, Villepin (57 ans) veut être sur la ligne de départ en 2012. Il sait qu’en 2017 ce sera trop tard.

Source: Bruno Jeudy – Le Journal du Dimanche

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