Print Shortlink

La guerre Clearstream redémarre le 2 mai

A un an de la présidentielle, la majorité va revivre un nouvel épisode du feuilleton Clearstream. Le second procès s’ouvrira le 2 mai. Le parquet de Paris signe un nouveau réquisitoire contre Dominique de Villepin.

Clearstream, acte II. Une nouvelle épreuve attend Nicolas Sarkozy et sa majorité, le 2 mai. A un an de la fin du quinquennat, la droite se serait bien passée de cet énième retour aux luttes fratricides. Le procureur de Paris vient, en tout cas, de relancer dans la plus grande discrétion le dossier Clearstream. Il s’agit d’un document daté du 23 mars mais qui n’a été versé au dossier que récemment. Preuve que Nicolas Sarkozy n’a pas levé le pouce en direction de son rival.

Dans cette « requête d’appel », que le JDD a pu consulter, le procureur Marin, demande à la cour d’appel « de déclarer Dominique de Villepin coupable du délit de complicité de dénonciation calomnieuse ». A la lecture de ces onze pages marquées au vitriol, il est clair que ce second procès Clearstream, du 2 au 26 mai, ne sera pas qu’une simple formalité pour l’ex-Premier ministre.

Pourtant, en janvier dernier, au soir de sa relaxe, Villepin a pu croire pendant quelques heures qu’il était débarrassé de l’affaire. Sarkozy n’avait-il pas, le jour même, retiré sa constitution de partie civile? « Ce qu’a fait le président est machiavélique, analyse un avocat du dossier. Il s’est retiré personnellement du prétoire, laissant croire à Villepin qu’il tournait la page, mais le lendemain, le parquet faisait appel et aujourd’hui encore ne lâche rien… »

A l’écrit, Jean-Claude Marin persiste et signe. Dans sa requête d’appel, qui a vraisemblablement reçu l’aval de la Chancellerie et de l’Elysée, le procureur raille « la stratégie de dissimulation » de Villepin et maintient sa « certitude » que l’ancien Premier ministre a joué un rôle-clé dans la machination.

Que sortira-t-il de ce second procès? Les trois juges d’appel, cette fois sans Sarkozy partie civile, vont pouvoir se concentrer sur le dossier lui-même et répondre à la question: Villepin a-t-il téléguidé les fausses listes dans le but d’empêcher Sarkozy de se présenter à la présidentielle de 2007?

Tout devrait se jouer sur une date. Comme dans une partie d’échecs sur un pion. Selon les juges de première instance, « ce n’est que le 15 octobre 2004″, soit après l’envoi de la dernière lettre anonyme, que Dominique de Villepin pouvait avoir « des certitudes » sur la fausseté des listes Clearstream. Une date « démentie par l’analyse des faits », écrit Jean-Claude Marin. Cinq « faits » précis sont avancés par le procureur démontrant selon lui, que Villepin avait connaissance, dès le mois de juillet 2004, « de la fausseté d’ensemble ».

Autre éléments de « preuves », selon le parquet, la « connaissance par Dominique de Villepin de l’identité du corbeau ». « Il ne fait aucun doute, écrit le procureur, que Dominique de Villepin a su, bien avant le mois de juillet 2004, que Jean-Louis Gergorin était le dénonciateur et que ce dernier avait eu recours à des envois anonymes pour communiquer des informations au juge Van Ruymbeke. »

Autre argument à charge, « sans nul doute possible » selon le procureur: « Dominique de Villepin disposait bien d’un pouvoir d’injonction à l’égard de Jean-Louis Gergorin. » Là encore, en quelques points, Marin poursuit sa démonstration sur la « capacité de Dominique de Villepin à valider la démarche de Jean-Louis Gergorin et à donner des instructions secrètes au général Rondot. (…) Cet ascendant explique qu’il a pu donner instruction à Gergorin, via le général Rondot, de ‘cesser ses agissements’, instructions qui démontrent, s’il en était besoin, que ces agissements étaient connus de Dominique de Villepin », assène le magistrat.

« Se confirme alors la stratégie de ce dernier de donner le change (…) Dominique de Villepin sait toute l’histoire mais feint d’ignorer la falsification des listings, l’implication de Gergorin », conclut Jean-Claude Marin, qui estime que dans son jugement, le tribunal a « ignoré cette stratégie de dissimulation ». La cour d’appel la prendra-t-elle en compte?

Ce second procès Villepin aura lieu dans une autre salle chargée d’histoire du palais de justice, celle du procès Pétain. Et devrait décider de sa participation ou non à la présidentielle. L’affaire Clearstream devait influencer l’élection de 2007, le procès changera-t-il celle de 2012?

Source: Journal du Dimanche

Ecrire un Commentaire