L’ancien Premier ministre, en déplacement vendredi à Montpellier, intensifie sa campagne, convaincu qu’il peut profiter du climat politique. Mais sa tâche reste ardue.
Il était sur LCI mardi matin, devant les élèves d’HEC le soir, sur le plateau de Canal+ mercredi, il se déplace à Montpellier vendredi et sera au micro de France Inter dimanche. Cette semaine en témoigne : depuis la rentrée, Dominique de Villepin est passé à la vitesse supérieure. Il multiplie les interventions médiatiques, intensifie ses « visites d’écoute » sur le terrain (deux à trois par mois). Et s’apprête à publier, le 4 novembre, un livre intitulé « De l’esprit de cour ». Le dernier chef de gouvernement de Jacques Chirac est plus que jamais en campagne pour 2012, persuadé que « la dynamique est en marche ». A l’écouter, la tâche paraît simple : « On sème, on récolte. ». Mais, à dix-neuf mois de la présidentielle, l’homme, crédité de 6 à 8 % des intentions de vote dans les sondages, a encore de gros chantiers devant lui.
Structurer son parti
Pour espérer remporter une élection présidentielle, il faut un appareil. Des hommes et de l’argent. Dominique de Villepin a donc transformé en juin son club en mouvement politique, République solidaire. Et depuis, ses proches, Brigitte Girardin en tête, tentent de « tisser la toile » en constituant des équipes dans chaque fédération. Une organisation de jeunes a même été lancée le week-end dernier. Soucieux de montrer qu’il n’est pas isolé, l’ex-Premier ministre revendique pour son parti « 20.000 adhérents ». Reste à savoir s’il peut en si peu de temps construire une machine de guerre, lui qui n’est pas un homme d’appareil. Et même avec un parti, la course aux 500 parrainages d’élus nécessaires pour être candidat pourrait s’avérer compliquée.
Fédérer l’antisarkozysme
Dominique de Villepin concurrence François Bayrou au centre, désormais embouteillé. Mais alors que le leader du Modem veut dépasser l’antisarkozysme, l’ex-Premier ministre continue, lui, de tirer à boulets rouges sur le chef de l’Etat, faisant déjà de ce quinquennat « une parenthèse malheureuse de notre Histoire ». « Il s’agit de dire ce que l’on pense. Moi, je n’ai pas peur de lui », affirme-t-il. Mais en conservant sa carte de l’UMP – pour maintenir une passerelle et faciliter d’éventuels transferts -, il a brouillé son message. Pour l’heure, Dominique de Villepin n’a pas non plus obtenu le ralliement d’une personnalité de poids. Et il peine à constituer un groupe à l’Assemblée (15 députés). Il lui reste aussi à construire un projet. Des groupes de travail se réunissent régulièrement au Palais-Bourbon. Une tâche ardue en raison du caractère hétéroclite du parti : ses adhérents seraient issus « pour moitié de la droite, pour moitié de la gauche et du centre ».
Gérer le calendrier judiciaire
Le procès Clearstream en appel est une épée de Damoclès au dessus de Dominique de Villepin. Mais il peut aussi lui profiter. Relaxé en première instance, il était parvenu à apparaître comme la victime de « l’acharnement » de Nicolas Sarkozy. Saura-t-il rééditer cette performance alors que le chef de l’Etat a cette fois la ferme intention de rester silencieux afin de ne pas donner prise à son rival ? Le nouveau procès devrait finalement se tenir, devant une chambre classique, aux mois de mai et juin 2011.
Source: Les Echos, Pierre-Alain Furbury