Print Shortlink

Agriculture: les 5 défis de la décennie

Le 47e Salon de l’agriculture de Paris débute samedi 27 février, porte de Versailles, dans un contexte extrêmement difficile pour l’agriculture française. Après plusieurs années d’embellie, les revenus – subventions incluses – ont plongé de 20 % en 2008, puis encore de 32 % en 2009.

« C’est la crise la plus grave depuis trente ans », reconnaît le ministre Bruno Le Maire. Ce n’est pourtant pas le seul défi auquel l’agriculture française sera confrontée au cours de la décennie qui s’ouvre.

Dominique de Villepin visitera le Salon de l’Agriculture ce mercredi 3 mars, à partir de 10 heures.

1/ Assurer un revenu décent aux agriculteurs

Plus que tout, c’est la volatilité des cours internationaux qui rend aléatoire la rémunération des agriculteurs. Pour les pouvoirs publics, la solution passe par la contractualisation entre eux et leurs clients industriels. Objectif: que le producteur connaisse à l’avance son prix de vente et puisse prévoir sa marge. La prochaine loi de modernisation agricole (LMA) ira dans cette direction et encouragera les agriculteurs à se regrouper pour équilibrer le rapport de forces avec la grande distribution.

Pour Guy Vasseur, président des chambres d’agriculture, cela ne fera pas tout: « Pour que les agriculteurs français redeviennent compétitifs, ils ne doivent pas être handicapés par des charges plus élevées que leurs homologues européens. » Dans le collimateur, les « traditionnelles » cotisations sociales mais aussi la future taxe carbone – même si son taux sera réduit pour les agriculteurs.

2/ Redéfinir la politique agricole commune

La PAC sera entièrement remise à plat en 2013. Avec près de 53 milliards d’euros, soit 40 % du budget total de l’Union européenne, elle est de loin le premier poste de dépense des Vingt-Sept. Le contribuable juge que cette « machine à subventions » lui coûte cher, tandis que les exploitants voient leurs revenus fondre…

Pour tenter de la rendre moins coûteuse et plus efficace, la France propose des aides flexibles: en baisse quand les cours internationaux montent, et vice-versa. En 2013, les quotas sont aussi censés disparaître. Paris, qui avait d’abord accepté l’idée d’une libéralisation assez profonde, a changé de pied à l’automne sous la pression des producteurs de lait en grève et demande désormais que l’Europe réfléchisse à de nouveaux outils de régulation. Bruno Le Maire plaide pour « un observatoire des prix, des marges et des volumes ».

3/ Préserver l’environnement

Par définition proches de la nature, les agriculteurs sont pourtant souvent soupçonnés de pratiques peu « vertes ». En Bretagne, les éleveurs intensifs de porc sont accusés de polluer les nappes ­phréatiques et de favoriser la prolifération des algues.

Ce problème reste à résoudre. Mais il ne doit pas masquer d’autres progrès. En dix ans, l’agriculture française a réduit d’un tiers l’utilisation de produits chimiques. Les efforts se poursuivent. Sans même parler du développement du bio, le plan Écophyto prévoit la baisse d’ici à 2020 de 50 % du recours aux fertilisants, insecticides et fongicides. Le plan performance énergie encourage les agriculteurs à produire eux-mêmes leur électricité grâce au photovoltaïque, au solaire ou à l’éolien, notamment en obligeant EDF à racheter les kilowatts dont ils n’ont pas besoin à un prix intéressant. Enfin les « circuits courts » contribuent à réduire les gaz à effet de serre, alors que les aliments parcourent en moyenne 2 000 à 3 000 km avant d’arriver dans l’assiette du consommateur.

4/ Éviter la désertification des campagnes

Un Français sur quatre vit en milieu rural ; un sur cinq y travaille. Le poids des agriculteurs ne cesse de décroître depuis les années 1950: ils représentent moins de 4% de la population active. Pour limiter l’exode rural, il faudra équiper les campagnes d’infrastructures modernes, notamment dans le numérique à haut débit – le grand emprunt doit y contribuer. La présence de services publics (santé, éducation, Poste…) sera aussi cruciale.

Enfin, alors que la France perd l’équivalent d’un département de terres agricoles tous les dix ans, une taxe sera instaurée dans la LMA pour limiter la mutation des terres agricoles en terrains constructibles.

5/ Inventer les produits agricoles du futur

Pour contribuer à nourrir les 9 milliards d’êtres humains prévus en 2050, mais aussi pour trouver de nouveaux débouchés, l’agriculture devra innover. L’amidon de maïs sert déjà à fabriquer des fibres textiles ou des emballages. Le lin, utilisé comme aliment pour le bétail, réduit de 30 % les gaz à effets de serre produits lors de la digestion. Il donne un lait riche en oméga 3 et moins gras. Même si les OGM restent controversés, la recherche biotechnologique permet d’espérer des variétés résistantes, nécessitant moins d’eau et de traitements chimiques. Beaucoup d’avancées restent aussi à faire sur les biocarburants.

Source: Eric de la Chesnais (Le Figaro)

Les politiques vont défiler au Salon de l’Agriculture

À deux semaines des élections régionales, les responsables politiques et candidats se ruent porte de Versailles. Mais l’absence de Nicolas Sarkozy à l’inauguration est vivement critiquée.

Combien seront-ils cette année à arpenter les allées de « la plus grande ferme de France » ? À deux semaines du premier tour des élections régionales, la Porte de Versailles va devenir, pendant neuf jours, un endroit très couru de tous ceux qui comptent en politique. Plus d’une trentaine de candidats et ministres ont déjà annoncé leur venue. Dans leur viseur: le vote paysan, traditionnellement favorable à la droite mais qui prend ses distances sur fond de baisse des revenus agricoles.

Le bal démarre samedi matin. Rupture dans la tradition. Alors que son prédécesseur, Jacques Chirac, inaugurait le salon et « tapait le cul des vaches », Nicolas Sarkozy a choisi de le clôturer. Et c’est le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, qui foulera le premier, samedi matin, les allées de la Porte de Versailles.

La décision présidentielle agace chez les agriculteurs. Vendredi matin, le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, a déploré cette venue tardive estimant que le chef de l’État avait « beaucoup de difficulté avec le monde paysan » et que l’inauguration « aurait été un signe de sa volonté de défendre » les agriculteurs.

Bruno Le Maire a volé au secours du président, en répétant que Nicolas Sarkozy était à leur « écoute » et leur apporterait « des signes forts ». Allusion à la série de mesures que doit annoncer Nicolas Sarkozy samedi prochain.

Dans la semaine, les candidats aux élections régionales vont se faire un devoir d’admirer les animaux et de goûter les spécialités régionales. Demain, le président du MoDem, François Bayrou, tout comme Jean-Paul Huchon, président PS sortant d’Ile-de-France, candidat à sa réélection, et Alain Joyandet, le secrétaire d’État à la Coopération, tête de liste UMP en Franche-Comté, auront à cœur de ne pas se croiser dans les 140 000 m² du salon.

Pour Bayrou, qui revendique ses racines paysannes, c’est un passage obligé. Il y passera sept heures. Et rejoindra son ami Jean Lassalle au pavillon Aquitaine pour déjeuner. Huchon ira peut-être rendre visite à son homonyme, le taureau Uchon.

Lundi, les vaches limousines verront Dominique Bussereau, le secrétaire d’État aux Transports, qui affronte Ségolène Royal en Poitou-Charentes, et Xavier Darcos, le ministre du Travail, qui mène la liste UMP en Aquitaine, s’y rendra le même jour. Cécile Duflot, tête de liste Europe Écologie à Paris, s’y rendra mardi avec plusieurs têtes de listes, surtout pour « débattre et rencontrer » des agriculteurs.

Mercredi, d’autres poids lourds sont attendus. Martine Aubry, la première secrétaire du PS, mais aussi Dominique de Villepin, qui semble vouloir suivre les traces de son mentor, et qui compte passer six heures à la ferme. Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’Écologie et tête de liste à Paris, y sera aussi, en même temps que le ministre de l’Éducation, Luc Chatel.

Le premier ministre François Fillon passera, lui aussi, quelques heures dans les travées du salon, jeudi. Avant de laisser la place, vendredi, à l’ancien président, Jacques Chirac, fidèle du salon depuis 1972 l’année où il devint ministre de l’Agriculture, qui pourra encore vérifier s
a popularité auprès des agriculteurs.

Source: Le Figaro

Ecrire un Commentaire