Avec son dernier ouvrage, Le dernier Témoin, l’ex-premier ministre s’essaie au roman d’anticipation. Interview pour L’Express.
L’Express: Pourquoi avez-vous écrit cet étrange roman d’anticipation ?
Dominique de Villepin : L’idée du Dernier Témoin m’est venue en quittant Matignon, lors d’une discussion avec Luc Besson. Nous évoquions différents projets de cinéma, et j’ai soudain pensé à l’histoire d’un arbre qui parle. Cette trame me semblait être un formidable prétexte à une réflexion sur l’Histoire, l’avenir et le temps. J’ai été, entre 1996 et 1999, président de l’ONF et, à ce titre, j’ai compris que la temporalité des forêts n’avait rien à voir avec celle de la politique. Mais, plus que d’anticipation, je pense qu’il s’agit d’un conte. Mon modèle, c’est Candide – même si je n’ai pas la prétention de me comparer à Voltaire…
Faut-il lire Le Dernier Témoin comme une sorte de manifeste écologique ?
Le livre s’appuie certes sur une conscience écologique. Mais c’est avant tout un témoignage de la nature – l’arbre – sur l’homme.
Difficile de ne pas chercher un éventuel « message » politique caché…
C’est une tentation normale, dès que l’image de l’auteur – quel qu’il soit – dépasse son oeuvre. Mais, pour moi, ça n’a aucune importance. Quand j’écris un livre d’histoire, j’écris un livre d’histoire : un point, c’est tout. Et c’est la même chose lorsque je me lance dans un roman d’anticipation.
Votre écriture a souvent été qualifiée de « grandiloquente ». Or votre style s’avère ici assez sobre. Le sujet vous a-t-il imposé une certaine simplicité de plume ?
J’ai en effet été contraint de couper tout ce qui était surabondant. C’était une démarche non pas politique, mais poétique.
Source: Propos recueillis par Baptiste Liger (L’Express)