La France a bien échappé de justesse à la récession au troisième trimestre en enregistrant une croissance de 0,1%, selon une deuxième estimation fournie lundi par l’Insee, qui confirme des premiers résultats publiés mi-novembre.
Après avoir enregistré un recul de son produit intérieur brut (PIB) de 0,3% au deuxième trimestre, la France évite ainsi un deuxième trimestre consécutif de baisse du PIB, qui marque, selon la définition communément admise, l’entrée en récession d’une économie.
Mais elle ne devrait pas être en mesure de l’éviter très longtemps, malgré un plan de relance coûteux pour les finances publiques: dans ses dernières prévisions, l’Institut de la statistique s’attend ainsi à ce que la France bascule dans la récession au début de l’année prochaine, et ce, pour la première fois depuis 1993.
Croissance: de 0,8% en 2008 à 0,2% en 2009
Selon l’Insee, l’acquis de croissance de la France pour 2008 reste de 1,0% au troisième trimestre. L’acquis de croissance est le niveau de PIB dont on est sûr qu’il sera atteint, sauf en cas de récession au cours des trimestres suivants.
Mais il ne devrait s’agir que d’un sursis de très courte durée. Dans ses dernières prévisions, l’Institut de la statistique s’attend ainsi à ce que la France bascule dans la récession au début de l’année prochaine pour la première fois depuis 1993: elle prévoit un effondrement de son PIB de 0,8% au dernier trimestre 2008, suivi d’un nouveau recul de 0,4% au premier trimestre 2009.
Au total, la croissance devrait atteindre 0,8% en 2008, selon l’Insee. Le gouvernement prévoit toujours de son côté une croissance d’ »environ 1% » cette année.
Le gouvernement compte sur son plan de relance de 26 milliards d’euros pour parvenir à une croissance comprise entre « 0,2% et 0,5% » en 2009.
Le plan de relance: rien en faveur de la consommation
Ce plan, essentiellement ciblé sur l’investissement, est pourtant jugé insuffisant par nombre d’économistes, alors que tous les indicateurs sont au rouge.
« Quelles que soient les aides qu’on leur donne, les entreprises n’investiront pas tant que la visibilité conjonturelle ne sera pas un tant soit peu amélioré », note Alexander Law, analyste au cabinet Xerfi.
Selon lui, il faudrait y ajouter une série de mesures en faveur des ménages « qui ont un peu été laissés de côté », par exemple « des baisses sectorielles de TVA ou des aides aux revenus les plus modestes pour les inciter à consommer ».
Un soutien d’autant plus nécessaire que la remontée « rapide et brutale du chômage va continuer d’exercer une terrible pression sur les revenus des ménages », prévient l’économiste.
Déficit public: au-delà des 3% du PIB dès cette année
L’an prochain, le déficit public devrait ainsi être propulsé à 3,9% du PIB, bien au-delà des 3% autorisés par Bruxelles.
Mais la crise devrait peser dès cette année sur les résultats des entreprises et sur la consommation des ménages, amputant d’autant les rentrées fiscales de l’Etat.
Le ministère du Budget a ainsi évalué lundi à 4,4 milliards d’euros, pour le moment, le manque à gagner en matière de recettes fiscales en 2008 au titre l’impôt sur les sociétés, avec le risque de voir le déficit public dépasser 3% du PIB dès cette année. Le manque à gagner total en matières de recettes fiscales est estimé à « 9 milliards d’euros » en 2008.
Parallèlement, la dette publique continue de s’alourdir: elle a atteint 1.284,8 mds d’euros au 30 septembre, soit « approximativement » 66,1% du PIB, selon l’Insee, alors que la limite est fixée à 60% par Bruxelles.
Sources: L’Express et Agence France Presse