François Baroin, Hervé Mariton, Gilles Carrez, Marc Le Fur: portraits de députés volontiers frondeurs.
François Baroin : en désaccord sur l’audiovisuel
Lors de la réception du groupe UMP à l’Elysée, le 10 décembre, le député de l’Aube a interpellé sans ménagement Nicolas Sarkozy sur l’audiovisuel. « Je suis en désaccord avec toi et c’est l’ancien journaliste qui te le dit », a-t-il expliqué, réitérant son opposition à la nomination du président des sociétés de l’audiovisuel public par le chef de l’Etat : « La télévision, ce n’est pas EDF. » Après avoir indiqué qu’il s’abstiendrait sur le projet de loi, il a lancé cet avertissement au président de la République : « Je pense que cette réforme te reviendra comme un boomerang. » Depuis l’élection de M. Sarkozy, l’ancien « protégé » de Jacques Chirac s’était astreint à une réserve ostentatoire. Il bénéficie cependant d’une cote de popularité non négligeable au sein du groupe. Cette intervention marque d’une certaine manière la sortie du silence.
Hervé Mariton : le « bon client » des Quatre-Colonnes
Après avoir sévèrement critiqué la révision constitutionnelle sur les institutions, le député de la Drôme avait fini par céder aux sollicitations de l’Elysée et accepté de voter le texte au Congrès de Versailles. Cette fois, il a voté contre le projet de loi sur l’audiovisuel, considérant que ce texte n’était « pas utile » et que son vote ne mettrait pas en péril la majorité. Villepiniste déclaré, cet ingénieur des mines de formation est un habitué des propos iconoclastes et des analyses à rebrousse-poil, qui font le bonheur des journalistes qui fréquentent à l’Assemblée nationale la salle des Quatre-Colonnes. Sa devise : « Le pouvoir ne se donne pas , il se prend. » Le président du groupe UMP, Jean-François Copé, vient de le charger d’un « inventaire » des sujets de société sur lesquels devrait s’engager une réflexion de fond.
Gilles Carrez : le tenant d’une certaine rigueur
Le rapporteur général de la commission des finances est d’un naturel discret. Mais tenace. Lors de la présentation du « paquet fiscal », en début de législature, il s’était montré réservé sur l’inclusion des contributions de solidarité (CSG, CRDS) dans le bouclier fiscal. Il n’y avait consenti qu’à la condition que soit mis en oeuvre un plafonnement des niches fiscales. Il est finalement parvenu à faire voter ce dispositif dans le projet de loi de finances pour 2009, en s’opposant aux diverses tentatives du gouvernement de l’affaiblir. Parallèlement, il a jugé « discutable » la suppression de la publicité sur les chaînes publiques prévue dans le projet de loi sur l’audiovisuel, jugeant que le financement n’était pas assuré. Le député du Val-de-Marne a mis ses critiques à exécution en s’abstenant lors du vote du texte.
Marc Le Fur : le héraut du repos dominical
Le député des Côtes-d’Armor s’est imposé comme le principal porte-parole des opposants, au sein de la majorité, à l’extension de l’ouverture des commerces le dimanche. Cet ancien sous-préfet, breton de souche, a été l’un des instigateurs des deux tribunes critiquant cette proposition publiées successivement dans Le Figaro et dans Le Monde et signées par une soixantaine de députés de la majorité. Il a multiplié les initiatives, défendu ses positions sans faiblir lors des réunions du groupe UMP, tenu tête à Nicolas Sarkozy et refusé de rentrer dans le rang jusqu’à ce que s’ébauche un compromis dont il a jugé qu’il comportait suffisamment d’ »évolutions positives ». Le vice-président de l’Assemblée nationale entend à présent incarner dans la majorité un courant « social » dont il estime qu’ »il n’est plus représenté ».
Source: Patrick Roger (Le Monde)