Ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin à Matignon, le député UMP Bruno Le Maire approvera lundi la réforme constitutionnelle proposée par le Président Sarkozy.
Il juge qu’il serait « maladroit » de rejeter sur l’opposition – comme le fait la majorité – la responsabilité d’un éventuel échec de la réforme qu’il estime « utile » à défaut d’être « parfaite ».
Les Echos: les gestes d’ouverture de Nicolas Sarkozy vers l’opposition satisfont-ils le député UMP que vous êtes ?
Ce sont des geste utiles, cohérents avec l’esprit de la réforme institutionnelle, qui est de passer à une République plus ouverte au débat politique, à une République qui renforce les droits du Parlement, à une République qui donne plus de pouvoirs aux citoyens. Je crois par conséquent qu’il n’y a plus de raison de fond pour que l’opposition socialiste ne vote pas ce texte. S’ils ne le votent pas, ce sera pour des raisons qui tiennent davantage à la politique à courte vue qu’au fonctionnement même des institutions.
La majorité s’applique à rejeter sur l’opposition la responsabilité d’un éventuel échec. Partagez-vous cette stratégie ?
Non. Soyons clairs sur ce qui se passera lundi prochain à Versailles. Soit la réforme constitutionnelle est adoptée et ce sera une victoire de la majorité présidentielle. Soit la réforme est rejetée et ce sera pour nous une défaite importante. En politique, il faut savoir prendre ses responsabilités : nous avons voulu cette réforme, c’est à nous de faire en sorte qu’elle puisse être adoptée. S’il y a un échec, ce sera notre échec. Il serait maladroit – et je pense que ce ne serait pas compris par l’opinion publique – que nous en rejetions la responsabilité sur l’opposition.
Quelles seraient les conséquences d’un « non »?
La conséquence politique, c’est que cela viendrait ternir le travail important fait depuis plusieurs mois pour réformer la France. La conséquence de fond, c’est que nous ne disposerions pas d’une Constitution adaptée à ce que sont les exigences d’une démocratie moderne. Mais je veux croire que la raison l’emportera et que la réforme sera adoptée sur le fil du rasoir.
Pour autant, on ne peut pas balayer d’un revers de main les objections de fond d’un Hervé Mariton, d’un Guy Geoffroy ou d’un Georges Tron, qui sont des gens réfléchis, des gens de valeur, dont les arguments doivent être écoutés et pesés soigneusement. L’interrogation sur la limitation de l’usage du 49-3 (NDLR : l’article de la Constitution qui permet l’adoption d’un texte sans vote) est par exemple légitime. Est-ce que cette réforme est parfaite ? Sans doute non. Est-elle utile ? Certainement oui.
Source: Pierre-Alain Furbury (Les Echos)