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Monsieur Fillon, Monsieur le Premier Ministre, cessez ces agressions inutiles ! De grâce, jetez votre rancune à la rivière !

Depuis son éviction du gouvernement en juin 2005, François Fillon garde une dent contre Jacques Chirac et Dominique de Villepin. Le nouvel hôte de Matignon multiplie les piques acerbes contre le duo exécutif d’avant le 16 mai. Ainsi mercredi soir, il affirmait publiquement que la victoire de Nicolas Sarkozy à la Présidentielle était aussi une victoire « contre » l’ancien président et l’ancien chef de gouvernement.

Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet de M. de Villepin à Matignon, a exhorté hier M. Fillon à « ne pas faire de faux procès à qui que ce soit ». « N’opposons pas ce qui a vocation à être rassemblé et ce qui a été rassemblé par Nicolas Sarkozy lui-même », a-t-il insisté.

Ce n’est plus du droit d’inventaire, c’est de la critique pure et simple. Les premiers mots du président Sarkozy, dans sa déclaration d’investiture, avaient été pour dessiner un tableau des plus sombres de la France que lui laissait le président Chirac.

Quant à François Fillon, dans son premier discours devant les parlementaires UMP, il avait, d’une phrase, réglé ses comptes avec son prédécesseur à Matignon. « La morale, comme le courage politique, l’imposent : le Premier ministre doit être un élu du peuple ». Ce que n’a jamais été Dominique de Villepin… Et ça continue !

Mardi à Nice, nouveau paquet-cadeau pour le couple Chirac-Villepin cette fois. « Il n’y a plus d’un côté le président de la République qui ne s’exprime que le 14 juillet et le 31 décembre, et le Premier ministre qui gouverne au jour le jour », a-t-il lancé, provoquant les rires des quelque 1.000 militants UMP rassemblés en plein air au Théâtre de Verdure. « Non, il y a désormais un patron qui, avec son Premier ministre, s’engage et assume la direction du pays ».

Et que fait justement le « patron » en question au même moment, à l’autre bout de la France, au Havre ? Il demande aux Français de lui donner une majorité, certe. Mais au passage, Nicolas Sarkozy rappelle qu’avant lui, c’était « le règne de l’immobilisme et de la pensée unique ». Et d’ajouter : « Cette France avait besoin qu’on lui parlât de nouveau. Elle n’a pas besoin, cette France, de compassion ». Compassion : le maître-mot de l’époque Chirac.

Retour maintenant à François Fillon, mercredi soir, chez lui dans la Sarthe. A un militant UMP chiraquien qui juge le nouveau chef de l’Etat « beaucoup trop fort » et qui exprime ses craintes face à un homme « qui a éliminé politiquement l’ex-Premier ministre dans la course à la candidature » avec « l’affaire Clearstream » et qui a « mis sur la touche le président Chirac », il répond d’abord : « Nicolas Sarkozy, c’est un démocrate, c’est un républicain, c’est quelqu’un qui a toujours gagné ses galons en allant devant les électeurs, jamais ailleurs ».

Avant d’ajouter : « Vous avez raison de dire qu’il a gagné contre Villepin, qu’il a gagné contre Chirac, mais comment il a gagné ? En étant meilleur qu’eux, c’est tout ». C’est tout, effectivement. Sans commentaire…

« Si M. de Villepin avait voulu se présenter à l’élection (interne) à l’UMP, il aurait pu le faire ». « Je ne sais pas s’il aurait gagné. Je n’en suis pas sûr », a-t-il ironisé.

« Le temps est venu d’agir autrement, autrement que ce qui a été fait depuis 25 ans, car les Français ne supportent plus les hésitations et les revirements », répète-t-il aussi à l’envi.

Elu député de la Sarthe sans interruption de 1981 à 2002, il marque régulièrement sa différence avec son prédécesseur à Matignon, jamais élu. De fait, M. Fillon n’a jamais digéré d’avoir été congédié en 2005 lors de la constitution du gouvernement Villepin. « Quand on fera le bilan de Chirac, on ne se souviendra de rien, sauf de mes réformes », assénait-il juste après son départ, dans un entretien au Monde.

Cette éviction l’avait définitivement fait basculer dans le camp de M. Sarkozy, avec lequel il avait pourtant entretenu des relations très tumultueuses en début de quinquennat.

« On ne peut pas comprendre le cheminement de Fillon si on occulte cette vraie blessure chez lui », expliquait jeudi un élu UMP sarthois.

Sources: Frédéric Dumoulin (Agence France Presse) et Paul Joly (RTL)

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