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Jean-Louis Borloo, de Grenelle à Bercy

Il a été la conscience sociale des gouvernements de Jean-Pierre Raffarin et de Dominique de Villepin. Il devient l’homme de Bercy de Sarkozy. Pas le grand financier (Eric Woerth l’assistera au Budget et aux Comptes), mais celui qui doit définir les orientations économiques. A l’Economie et aux Finances, le maire de Valenciennes aura plus de marges de manœuvre encore, après avoir mis en place sous Dominique de Villepin son plan de cohésion sociale.

Egalement à la base de lois sur la rénovation urbaine et la lutte contre le surendettement, l’avocat d’affaires récupère enfin dans ses attributions l’Emploi, avec la possibilité de mettre en œuvre les réformes qu’il préconise dans son dernier ouvrage, «l’Architecte et l’Horloger». Désormais, il est aussi l’Argentier.

Une des premières choses que fit Jean-Louis Borloo en arrivant rue de Grenelle en 2004, fut d’interdire le stationnement des voitures dans la cour du ministère du Travail : rien ne devait perturber la machine à produire des idées que doit, selon lui, être un ministère. Durant deux ans, des idées, il n’en a pas manqué : le plan de cohésion sociale, les emplois de services, les maisons de l’emploi et autres innovations plus ou moins spectaculaires mais toujours vendues avec passion et lyrisme par son promoteur.

Sa gouaille et son côté bateleur ont fait de lui un des ministres les plus populaires du gouvernement sortant. Même si ses interlocuteurs syndicaux ont vite compris que pour le service après-vente, il valait mieux s’adresser à son ministre délégué à l’Emploi, Gérard Larcher. Lors du lancement du Contrat première embauche (CPE), en janvier 2006, ils avaient l’un et l’autre tenté, en vain, de dissuader Dominique de Villepin de l’imposer sans négociation.

Succédant à Thierry Breton avec un ministère élargi à l’Emploi mais sans la tutelle du Budget et des Comptes publics, Borloo, 56 ans, ne devrait pas avoir de difficulté à endosser le rôle de VRP de l’économie française. «C’est une passation de pouvoir entre les deux frisés de la République», s’amusait-il en prenant possession de son nouveau ministère. Cette façon bien à lui de ne jamais se prendre tout à fait au sérieux risque de détonner dans les couloirs compassés de Bercy.

Au risque – assumé – de se voir traiter de caméléon, l’ancien porte-parole de François Bayrou en 2002, également fondateur de Génération écologie en 1991, entreprend ainsi une nouvelle mue en faisant oublier ses divergences avec Nicolas Sarkozy. Un exploit, lorsque l’on sait le rôle qu’il accorde au traitement social du chômage et son aversion des slogans faciles dénonçant la  » France de l’assistanat « .

On aurait pourtant tort de réduire son parcours à la dernière décennie qui, de Valenciennes à la Rue de Grenelle, a forgé sa dimension sociale. Le bilan social du gouvernement est d’ailleurs autant imputable à Gérard Larcher, le ministre délégué au Travail ayant assuré la mise en place opérationnelle des dispositifs imaginés par son ministre de tutelle.

Agé de cinquante-six ans, Jean-Louis Borloo a prouvé son sens des affaires en dirigeant, à sa sortie d’HEC, un cabinet d’avocats spécialisé dans la reprise d’entreprises en difficulté. C’est à l’occasion du redressement de Look et de Terraillon qu’il scelle une amitié durable avec Bernard Tapie. La revue américaine  » Forbes  » le classe alors parmi les avocats les mieux payés du monde.  » J’ai gagné suffisamment d’argent pour pouvoir me consacrer entièrement à l’intérêt général « , confiait-il lors d’une rencontre avec des élèves de Polytechnique, en 2004.

Il saute le pas en remportant la mairie de Valenciennes, en 1989. Opiniâtre, il convainc les grandes entreprises (Toyota, Bombardier, Alstom, etc.) d’investir dans sa ville et draine 25 millions d’euros de fonds européens au service de son développement. Avant de rejoindre Paris, son baptême du feu politique lui fait également endosser la fonction de député européen, de conseiller régional puis de député de la 21e circonscription du Nord.

Coprésident du Parti radical valoisien, une composante centriste de l’UMP, Borloo a attendu mars 2007 pour annoncer son soutien à Nicolas Sarkozy, en se posant en défenseur de l’aile sociale de la majorité. Il s’est marié en 2005 avec Béatrice Schönberg, présentatrice des journaux du week-end sur France 2.

Source: Libération et Les Echos

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