Pour sa 15ème conférence de presse mensuelle, délocalisée de Matignon à la Cité des sciences et de l’industrie de La Villette, le chef du gouvernement, désireux de poursuivre sa remontée dans les sondages, avait choisi un thème qui intéresse la vie quotidienne des Français, celui de l’environnement.
Dans le cadre symbolique de la Cité des sciences de La Villette, le Premier ministre a dévoilé une série de mesures qu’il a résumées sous la bannière d’un « Pacte national pour l’environnement« , soulignant au passage que la France « a besoin d’acteurs engagés » comme l’animateur Nicolas Hulot, dont les reportages sur TF1 sont regardés par des millions de Français.
« L’affaire de l’environnement, ce n’est pas l’affaire des uns et pas des autres, c’est l’affaire de tous« , a lancé Dominique de Villepin, entouré pour l’occasion de Nelly Olin (Ecologie), Thierry Breton (Economie), Gilles de Robien (Education) et François Goulard (Recherche). Dans cet esprit, le Premier ministre a proposé aux Français « un véritable pacte national pour l’environnement » rassemblant les citoyens, les entreprises, les collectivités locales et l’Etat. « Dans ce domaine, il ne s’agit pas de stigmatiser les uns ou les autres. C’est dans la cohésion et la volonté générales que nous pourrons avancer« , a-t-il dit.
Le Premier ministre a notamment annoncé la prochaine transformation du Codevi en « livret de développement durable » et le relèvement de son plafond de 4.600 euros à 6.000 euros au 1er janvier 2007, les suppléments d’épargne attendus devant financer des économies d’énergie. « L’argent disponible, soit environ 10 milliards d’euros, sera immédiatement mobilisable pour des prêts écologiques« , a souligné le Premier ministre en relevant que « beaucoup de Français veulent investir pour rendre leur logement plus économe en énergie, mais hésitent encore en raison du coût des équipements ».
Autre ligne de force du plan gouvernemental: le développement des biocarburants en France avec pour objectif la production en 2015 de dix fois plus de carburants verts qu’en 2005. L’E85 ou « flexfuel » sera disponible en 2007 à environ 80 centimes le litre dans 500 à 600 pompes vertes.
Le gouvernement mobilise par ailleurs « toutes ses forces » pour mettre au point un « moteur hybride diesel » permettant d’économiser 30% de carburant, a ajouté le Premier ministre, qui veut aussi « multiplier par quatre » la part de HLM qui consomment peu d’énergie, avec le prochain lancement d’un prêt à 2,45% pour aider les sociétés de HLM en ce sens.
Dominique de Villepin a également annoncé le doublement des crédits de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), portés à 200 millions d’euros sur cinq ans. Ces crédits seront affectés « aux réseaux collectifs de chaleur renouvelable, dans les quartiers, les immeubles et les grands ensembles », a déclaré le Premier ministre. Cette enveloppe permettra d’ »alimenter 600.000 logements en énergie propre » (chauffage bois, solaire, géothermie et gaz), a expliqué M. de Villepin. Cette ressource supplémentaire sera dégagée par l’affectation de la taxe sur le charbon que le gouvernement veut créer, précise Matignon.
Le Premier Ministre a par ailleurs annoncé la création d’une réserve naturelle de 700.000 hectares dans les Terres australes antarctiques françaises (TAAF). Cette réserve, créée par un décret publié ce mercredi au Journal officiel, sera « de très loin la plus grande de France », a expliqué le Premier ministre lors de sa 15e conférence de presse mensuelle consacrée à l’environnement. Elle couvrira les îles Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amsterdam
Commentant l’action de Nicolas Hulot, qui n’exclut pas de se présenter à la présidentielle de 2007, M. de Villepin salué sa « vigilance », qui est « un élément d’incitation supplémentaire pour un gouvernement comme le nôtre ».
Le Premier ministre, qui a affirmé à plusieurs reprises ces derniers mois n’avoir pas d’ambitions présidentielles, s’est longuement exprimé sur la campagne pour 2007, concentrant ses critiques sur le Parti socialiste, où le débat, a-t-il dit, « ne dépasse pas aujourd’hui la querelle des hommes« .
« Je souhaite que le débat, indispensable dans une grande démocratie, puisse se nouer autour des grands sujets qui intéressent la vie quotidienne des Français et l’avenir des Français. (…) Je vous l’avoue, je suis un peu inquiet quand je vois que le débat chez les socialistes et la gauche en général ne dépasse pas aujourd’hui la querelle des hommes« , a lancé M. de Villepin.
« Nous savons tous que quand un débat démocratique n’est pas poussé jusqu’à son terme, c’est-à-dire jusqu’à la possibilité donnée aux Français de choisir, il nourrit des frustrations, le populisme, la surenchère et la démagogie« , a-t-il dit.
« Je me refuse à considérer qu’il y a une fatalité à ce que l’emportent la démagogie, le populisme, l’image« , a-t-il ajouté. « Nous avons besoin d’action, de résultats et de débats« , a jugé le chef du gouvernement. « Parlons des vraies choses, cessons de nous enfermer, je le vois à gauche, dans des querelles permanentes de personnes« .
Il a aussi affirmé qu’il est « temps de trouver une issue rapide » au problème des expulsés de Cachan (Val-de-Marne). Il a annoncé qu’une mission de médiation constituée du président de la LICRA Patrick Gaubert et de celui de SOS Racisme Dominique Sopo avait été chargée de régler le dossier, et que Nicolas Sarkozy avait reçu les deux hommes mercredi matin. « Le ministre de l’Intérieur a reçu ce matin les représentants d’association (…) qui exercent une médiation », a expliqué M. de Villepin. « Je souhaite que les efforts remarquables qu’ils entreprennent puissent réussir le plus rapidement. » Le Premier ministre a estimé que la situation des quelque 200 personnes encore présentes dans le gymnase de Cachan n’était « pas acceptable dans un pays comme le nôtre ». Il a rappelé la proposition faite par le gouvernement de 271 logements « disponibles et adaptés à la taille des familles ». « Il est temps que chacun comprenne qu’il faut avancer », a poursuivi M. de Villepin. « Les blocages doivent maintenant être levés », a conclu le Premier ministre. « Dans un dossier comme celui-ci, la politisation, l’idéologie et les arrières-pensées sont des combats stériles. »
Enfin, interrogé sur les difficultés actuelles d’Airbus, qui accuse d’importants retards dans son programme A380, le Premier ministre a assuré qu’il fait « pleinement confiance » à la direction du groupe européen d’aéronautique EADS ainsi qu’à celle d’Airbus.
Source: Michel Sailhan (AFP) et Associated Press