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Xavier Bertrand, de la Santé au Travail

C’est une réussite, presqu’une prouesse. Elu député de la Somme en 2002, chargé de mission par Alain Juppé, en 2003, sur la réforme des retraites au titre de l’UMP, secrétaire d’Etat en 2004 à l’Assurance maladie, ministre de la Santé du Gouvernement de Dominique de Villepin en 2005 et 2006, porte-parole du candidat Nicolas Sarkozy début 2007, voilà aujourd’hui Xavier Bertrand ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité.

L’ex-ministre de la Santé du Gouvernement de Dominique de Villepin, à qui l’on doit l’interdiction de fumer dans les lieux publics, est l’un des rares à maîtriser les questions sociales. Cet assureur, ni énarque ni parisien, a réalisé jusqu’à présent un parcours sans faute dans le sillage de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy.

Sous des dehors anodins, derrière un discours mesuré, et avec toujours l’impression de jouer collectif, cet homme de 42 ans aura réussi, en cinq années, un parcours qui peut faire des envieux. «Il est vif, intelligent, et surtout travaille beaucoup», explique un de ses plus proches collaborateurs. Avec ce côté un peu agaçant d’être toujours pointilleux, obsédé du détail. «En même temps, il sait s’adapter, au point, par exemple, de ne pas brusquer ses interlocuteurs.» Ainsi, lors de la gestion de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, Xavier Bertrand a su prendre son temps, sans pour autant reculer.

Mais son plus beau succès reste son passage dans le camp du nouveau chef de l’Etat, lui qui était au départ catalogué juppéiste. L’air de rien, il a attendu son heure, pour faire ensuite allégeance complète. Porte-parole du candidat, il a été comme à son habitude : il n’a pas brillé. Mais toujours «présent» et «fidèle» sans outrance. Et, surtout, avec une qualité : il ne commet pas de bourde.

C’était l’avantage et l’inconvénient d’être multicarte : Xavier Bertrand aura été annoncé un peu partout dans ce gouvernement (Intérieur, Comptes, Education nationale). Avec la certitude, rare parmi les ministres « sortants », d’obtenir un portefeuille important. C’est le signe d’une ascension rapide et rectiligne : député de l’Aisne en 2002, rapporteur à l’Assemblée nationale de la loi de réforme des retraites en 2003, secrétaire d’Etat à l’Assurance-Maladie en 2004, ministre de la Santé en 2005. A quarante-deux ans, le nouveau ministre du Travail, des Relations sociales et du Travail est considéré comme l’ »un des meilleurs de la génération montante » par l’entourage de Nicolas Sarkozy, et, outre son côté bosseur, comme un politique avisé.

« Chiraco-juppéiste » ayant eu la confiance de Dominique de Villepin, il a rallié le futur chef de l’Etat au bon moment : tardivement (en novembre dernier) mais fermement (il a mis en fureur l’ex-hôte de Matignon). Sa désignation comme porte-parole du candidat Sarkozy a fait grincer des dents les fidèles de toujours. Qui ont ensuite reconnu une campagne sans faute.

L’adjoint au maire de Saint-Quentin a su profiter de la relative pénurie de spécialistes du social à droite. Hormis François Fillon lui-même et Jean-Louis Borloo, Nicolas Sarkozy ne disposait pas de beaucoup de cartes dans son jeu. Les leaders syndicaux n’ont pas manqué de le lui signaler lors des premières rencontres rue Saint-Dominique, certains faisant savoir discrètement que la présence de Xavier Bertrand serait interprétée comme un signe d’ouverture.

Dans l’ombre du médiatique Philippe Douste-Blazy, c’est lui qui a négocié la réforme de l’assurance-maladie en réconciliant la droite avec le corps médical tout en cantonnant les critiques des syndicats. En faisant aussi oublier que, si le déficit de la branche a été divisé par deux (de 12 à 6 milliards d’euros), la Sécurité sociale est loin d’être sauvée. C’est lui aussi qui a imposé sans heurt l’interdiction de fumer dans les lieux publics et géré des crises de santé publique à répétition (canicule de 2006, chikungunya, grippe aviaire) sans trop de dommages pour le gouvernement.

Elu local non parisien, non énarque, « pédago », ses adversaires critiquent un profil trop lisse. Il va pouvoir être jugé sur pièces. Il devrait en effet hériter, à la tête d’un grand ministère des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité, de la plupart des dossiers chauds : régimes spéciaux de retraite, service minimum dans les transports, représentativité syndicale, mais aussi le droit du travail. Lui qui se flatte de ne dormir que quatre heures par nuit et de ne pas partir en vacances l’été va avoir l’occasion d’appliquer de nouveau sa méthode : la concertation tous azimuts. Même si celle-ci risque de montrer ses limites quand, sur de nombreux sujets, les positions apparaissent inconciliables. Et les directives de l’Elysée très fermes.

Xavier Bertrand a beau répéter le conseil que lui a donné l’ancien président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, à savoir que l’on demeure plus longtemps ancien ministre que ministre, cet agent d’assurance de formation peut être grisé par une ascension aussi rapide qu’atypique.

Source: Les Echos et Libération

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