Brice Hortefeux, 49 ans, nommé au poste controversé de ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Co-développement, est le fidèle des fidèles de Nicolas Sarkozy, qu’il a accompagné sans relâche depuis qu’il a croisé sa route en 1976.
Cet homme discret et dévoué, organisateur-né, était ministre délégué aux collectivités territoriales auprès du ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Dominique de Villepin. Haute stature, yeux pâles, teint rose et chef blond-roux en harmonie avec son patronyme, Brice Hortefeux a quelque chose de britannique dans l’allure et dans le flegme apparent.
Ce natif de Neuilly-sur-Seine – tout un symbole pour un « mur porteur » du sarkozisme – a tissé avec le président de l’UMP devenu président de la République des liens sans équivalent : « ils ont fait toutes les campagnes ensemble », observe un élu qui leur est proche. « Il organise tout ce que veut Nicolas, qui le voit comme un modérateur, d’un avis très sûr ». Ses qualités ? « Très travailleur, rigoureux, méthodique, d’une très grande fidélité ». Ses faiblesses ? « Il n’est certes pas un orateur, un flamboyant ».
Ce qui n’a pas empêché cet « ami de l’ombre », cet « homme-lige » de tracer son propre sillon en Auvergne, dont il est l’élu depuis 1992 et où il a soigné son implantation. Aux élections européennes de 2004, il dirigeait une liste qui, se plaît-il à souligner, a eu le meilleur score national de l’UMP (20%). Une performance qu’il a expliquée notamment par l’ »effet Sarko ». Hortefeux ne se cache pas de guigner la mairie de Clermont-Ferrand, bastion de la gauche sur lequel Valéry Giscard d’Estaing lui-même s’est cassé les dents.
Il n’était guère en cour à l’Elysée, où on se méfiait de lui et on le soupçonnait de quelques-uns des « coups tordus » qui avaient émaillé la guerre des chiraquiens contre les balladuriens, dont il était. En avril 1995, juste avant la défaite de son champion Edouard Balladur (prénom d’un de ses trois enfants), il avait été propulsé préfet. Une promotion éclair – il était administrateur territorial seulement dix mois plus tôt – qui avait suscité la grogne dans le corps préfectoral. On dit encore, parmi des proches du ministre d’Etat, que les relations de Brice Hortefeux avec Cécilia Sarkozy n’ont pas toujours été au beau fixe. « Il n’est pas rare que les très fidèles développent un certain sens de possessivité vis-à-vis de leur patron », commente un observateur.
Dans un livre publié en 2003, « Jardin à la Française », Hortefeux avançait une série de propositions décoiffantes pour réformer l’Etat, avec en particulier une simplification administrative tous azimuts. Parmi ces mesures, la réduction à 12 du nombre des ministères. Proposition acceptée, à peu de choses près, puisque le gouvernement de François Fillon compte 15 ministres.
Source: Les Echos