Le ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, Azouz Begag, a remis jeudi sa démission à Dominique de Villepin, annonce Matignon dans un communiqué.
Azouz Begag, qui soutient la candidature de François Bayrou, « a demandé à quitter le gouvernement pour reprendre sa pleine liberté de parole », précise le communiqué.
L’Elysée, « sur proposition du premier ministre », a ensuite annoncé que le président de la République mettait fin à ses fonctions. Azouz Begag ne sera pas remplacé, « l’ensemble de ses missions pour les semaines qui viennent étant reprises par Matignon ».
Azouz Begag, l’un des deux seuls membres du gouvernement avec François Goulard (Recherche) à soutenir la candidature présidentielle de l’UDF François Bayrou, avait auparavant été reçu par le Premier ministre Dominique de Villepin.
Dans un communiqué, M. de Villepin a précisé que le sociologue lyonnais avait voulu « reprendre sa pleine liberté de parole ». Il a « salué sa lutte contre les discriminations, pour l’égalité des chances et en faveur de la diversité ».
M. Begag ne devrait pas s’exprimer dans l’immédiat, a indiqué son entourage.
Il s’agit de la troisième personnalité à quitter le gouvernement Villepin, après Nicolas Sarkozy, remplacé à l’Intérieur par François Baroin, et Xavier Bertrand, à qui Philippe Bas a succédé au ministère de la Santé.
Ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, le sociologue Azouz Begag était entré au gouvernement en juin 2005. Il s’est opposé à de nombreuses reprises à Nicolas Sarkozy, notamment pendant la crise des banlieues à l’automne 2005. Il avait alors estimé que les mots « racaille » et « Kärcher » employés par le ministre de l’Intérieur de l’époque relevaient d’une « sémantique guerrière ».
En officialisant le 16 mars son soutien au candidat de l’UDF, il avait attaqué les propositions de Nicolas Sarkozy, s’indignant que l’on prenne les immigrés pour des « boucs émissaires » à chaque élection majeure.
Pour Azouz Begag, Nicolas Sarkozy compose avec les extrémismes en proposant un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale.
« Mais je ne suis pas stupide, les Français non plus. C’est un hameçon qui vise à aller chercher les brebis égarées du Front national et à les ramener dans le bercail républicain« , jugeait-il.
Né en 1957 à Lyon, Azouz Begag est divorcé et père de deux filles. Ce fils d’un ouvrier maçon algérien est docteur en sciences économiques. Après avoir enseigné cette matière à l’Ecole centrale de Lyon, il a été nommé en 1986 chercheur en socio-économie urbaine au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Il a publié une vingtaine d’ouvrages. Son premier roman, « Le Gone du Chaâba » (Seuil, 1986), s’inspire de son enfance dans un bidonville de Lyon et raconte sa volonté de s’en sortir par la réussite scolaire. Il a été adapté au cinéma dix ans plus tard par Christophe Ruggia, un film primé dans plusieurs festivals. M. Begag est également le scénariste du film « Camping à la ferme », sorti en 2005.
En décembre 2004, Azouz Begag avait remis à Dominique de Villepin, alors ministre de l’Intérieur, un rapport sur l’égalité des chances dans ses services, intitulé « La République à ciel ouvert« . Il s’y prononçait contre une politique des quotas et pour le recrutement de policiers d’origine maghrébine et africaine.
Azouz Begag doit publier le 11 avril aux éditions Fayard un brûlot contre le ministre de l’Intérieur, intitulé « Le mouton dans la baignoire ». Une référence à une déclaration de Nicolas Sarkozy sur un plateau de TF1 à propos des pratiques de la fête musulmane de l’Aïd, contre laquelle l’ex-ministre s’était vivement élevé sur Canal+.
Source: Reuters