La députée villepiniste du Val-de-Marne, Marie-Anne Montchamp, était, vendredi dernier, l’invitée de Jean-Jacques Bourdin sur RMC Info.
Considérant que le gouvernement privilégie une approche comptable sur le dossier des retraites, elle souligne qu’il existe entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy « une différence profonde de conception de ce que doit être l’engagement politique ».
Verbatim…
Jean-Jacques Bourdin: Marie-Anne Montchamp, députée UMP du Val-de-Marne, bonjour !
Marie-Anne Montchamp: Bonjour, Jean-Jacques Bourdin !
Proche de Dominique de Villepin. Dernière information donnée par le site lefigaro.fr: la loi interdisant le voile intégral pourrait être votée avant l’été. François Fillon compterait décréter la procédure accélérée. Procédure d’urgence: est-ce qu’il y a urgence, Marie-Anne Montchamp?
Oh, urgence, je trouve que c’est sans doute un peu excessif. On voit que c’est un phénomène qui préoccupe les Français. Pourtant, on voit en même temps que cela concerne assez peu de femmes en France. Donc comme toujours, je pense qu’il faut raison garder. Il faut débattre, même si je peux comprendre, à titre personnel, l’inquiétude ou la sensibilité des Français sur ce sujet, bien sûr.
Bien. Je lis ce qu’a déclaré hier Dominique de Villepin: « La République ne doit pas être soumise à des calculs politiciens, à des arrière-pensées. Le gouvernement doit avoir pour seule boussole l’intérêt général. Une loi soumise au spectacle n’est jamais une bonne loi. » Euh, dites-moi, Dominique de Villepin est de plus en plus sévère avec Nicolas Sarkozy… qu’il accuse d’avoir « délaissé l’intérêt général ».
Je crois que la phrase, enfin l’intervention, de Dominique de Villepin renvoie à une conception de l’intérêt général qui, en effet, diffère. Ce que Dominique de Villepin souligne dans cette intervention, c’est que l’intérêt général n’est pas fait de la somme d’interventions spécifiques ou d’intérêts particuliers. Vous voyez à travers cette orientation manifestement sécuritaire qui a été prise tout récemment par Nicolas Sarkozy, et ce, au lendemain des régionales, eh bien c’est ça la question qui nous est posée: est-ce que la sécurité est un objectif ou est-ce que c’est un moyen pour une société plus apaisée, pour une société qui soit capable de relever les défis de demain?
Moi, j’ai tendance à penser avec Dominique de Villepin qu’en effet, ça n’offre pas de perspectives suffisantes et c’est ça qui est en question. On le voit sur de nombreux sujets: tout à l’heure, j’entendais vos auditeurs sur la question de la vente d’alcool. On voit bien que il y a une loi, il y a donc une intervention politique de l’exécutif et du législatif pour légiférer, cadrer les choses et pourtant on voit bien que, quelque part, ce qui est au fond en question, c’est la question de la responsabilité (responsabilité des parents, responsabilité de la société) et on voit bien le conflit entre l’option sécuritaire et la question de l’intérêt général.
Vous voulez dire par là que Nicolas Sarkozy ne prend qu’une seule option, c’est l’option sécuritaire?
Elle est retenue aujourd’hui de façon très, très forte. Il s’en est d’ailleurs exprimé dans un contexte de lendemain d’élections régionales où effectivement on s’est fait peur.
Alors Dominique de Villepin va encore plus loin. Il dit: « Si je vois un automobiliste allant dans le mur à toute vitesse, mon devoir c’est de lui donner un coup de coude et de lui rappeler les principes du code de la route ». Dites-moi, c’est pas tendre malgré tout ce que vous me dites, Marie-Anne Montchamp !
Je pense que… Enfin d’abord, il faudrait que le coup de coude ne soit pas trop violent, car ça pourrait provoquer un autre accident sur le bas-côté, ce qui n’est pas l’objectif… Non, toute plaisanterie mise à part, je pense qu’il faut que nous nous réveillions. Il faut que sur le plan politique, nous assumions que nous nous approchons d’une échéance très importante, c’est celle de 2012 et que là, les questions de fond vont se poser.
Regardez la question des retraites. Je sais que vous allez en débattre tout à l’heure. Bien sûr qu’il faut régler la question comptable, mais bien sûr qu’il faut aussi régler la question de société. Qu’est-ce que c’est que d’être à la retraite dans 10 ans, dans 15 ans? A quoi va ressembler un retraité? De quel pouvoir d’achat aura-t-il besoin pour pouvoir faire ses projets? Eh bien, ce sont sur ces sujets-là qu’encore une fois, il faut mobiliser l’intérêt général. Et vous voyez, c’est là qu’on voit se dessiner alors un clivage (sans doute ça c’est le jeu politique, on peut le comprendre), mais surtout une différence profonde de conception de ce que doit être l’engagement politique.
Différence entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy.
Différence sans doute, oui.
Oui, ben oui, différence forte. Sur les retraites, Dominique de Villepin dit: « Il faut combler un trou de 30 milliards pour 2010. Là, il faut parer au plus pressé. Ensuite, il faut se donner le temps de trouver un consensus sur une réforme de fond. » Vous voulez dire par là que le gouvernement va trop vite?
Je pense que l’accélération sur ce dossier risque de nous conduire, dans quelques temps, à reposer le sujet et à entraîner de la part des Français, eh bien, une incompréhension, voire une certaine défiance.
Ce que je veux dire, c’est que nous devons nous demander ce que devra être le revenu disponible des Français quand ils prendront leur retraite. La question, c’est bien sûr la durée de cotisation, parce que personne ne peut ignorer que, effectivement, il y aura plus d’inactifs que d’actifs aujourd’hui, ça c’est vrai. Mais en même temps, de quoi les Français, à la retraite, auront-ils besoin? Quel sera le profil d’un retraité dans quelques années? On sait qu’il aura sans doute encore un crédit sur le dos pour son logement. On sait qu’il devra aider sa famille. On sait qu’il aura des projets, parce que, et on le lui souhaite, il sera en forme.
Posons-nous la question dans ce sens-là et on voit que ça prend sans doute un peu plus de temps mais que nous pourrons amener les Français à prendre des options et à faire des choix éclairés sur ce qu’ils veulent demain. Car si nous nous contentons de régler les questions comptables, eh bien il y a fort à parier que nous aurons un véritable problème de confiance avec le projet et c’est ce que nous aimerions tant éviter.
Bien, merci Marie-Anne Montchamp, députée UMP du Val-de-Marne et, je le rappelle, proche de Dominique de Villepin.
Source: RMC Info