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A Dijon, le "Villepin tour" s'arrête en terre socialiste

Adieu veau, vache, cochon, couvée. Au moins pour un temps. Dominique de Villepin poursuit sa drôle de campagne à travers la France. Mais, après ses arrêts à la ferme en Bretagne, puis en Haute-Saône, pour s’enquérir des déboires des agriculteurs, changement de cap : le voilà, cette fois, parti à la rencontre des patrons de petites et moyennes entreprises, à Dijon, jeudi 22 avril.

Le « Villepin Tour », comme le surnomment les journalistes, ne connaît pas la crise. Lancé par sa relaxe lors du procès Clearstream, le 28 janvier, l’ancien premier ministre de Jacques Chirac prospère sur les difficultés de Nicolas Sarkozy. Il laisse flotter l’hypothèse de sa candidature en 2012, en incarnant une opposition radicale au chef de l’Etat, et sillonne le pays pour « écouter les Français ».

Le « GPS » de M. de Villepin ne le guide pas au hasard. Il bat la campagne en obéissant à une géographie très politique. Tantôt une visite chez des amis, dans les circonscriptions de la poignée de députés fidèles sur lesquels il peut s’appuyer. Tantôt un déplacement dans un fief tenu par ses ennemis socialistes d’antan, qui ne se font guère prier, aujourd’hui, pour lui dérouler le tapis rouge.

Ainsi, à Dijon, M. de Villepin va s’entretenir avec François Rebsamen, le maire de Dijon, et François Patriat, le président du conseil régional. Deux élus bien roses, qui ont leurs entrées Rue de Solférino, au siège du PS, à Paris. MM. Rebsamen et Patriat assurent en choeur qu’ils ne sont pas à l’origine de l’initiative. C’est à l’invitation de Patrice Tapie, le président local de la CGPME, le syndicat des petits patrons, que M. de Villepin se déplace.

Mais, sollicités pour une rencontre en tête à tête en marge de la manifestation, qui se tient à l’hôtel de ville de Dijon, les deux élus socialistes jurent main sur le coeur qu’ils ne pouvaient refuser. « C’est la tradition de l’accueil républicain, lorsqu’une personnalité vient nous rendre visite, nous la recevons », répond M. Rebsamen. Qui note tout de même, amusé : « C’est sûr, ça ne va pas faire plaisir aux sarkozystes. »

Est-ce une nouvelle forme du « gagnant-gagnant » cher à Ségolène Royal ? La CGPME se réjouit que la venue de M. de Villepin « permette de parler des difficultés des PME ». L’ancien premier ministre, en s’affichant avec des élus socialistes, veut apparaître au-dessus du traditionnel clivage droite-gauche. Sachant sa voie barrée du côté de l’UMP, il peaufine sa stratégie du « ni droite ni gauche », comme le fit François Bayrou en 2007, pour prospérer au centre. Quant aux deux élus socialistes, ils mettent en scène à peu de frais le rival de Nicolas Sarkozy, soulignant au stylo rose les divisions de la droite.

Qu’en pense l’UMP ? « Cela fait longtemps que je ne pense rien de M. de Villepin. Je ne répondrai donc pas à cette question », (ne) répond (pas) Dominique Paillé, porte-parole du mouvement. Circulez, il n’y a rien à voir.

Source: Pierre Jaxel-Truer (Le Monde)

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