Tous en campagne avec Dominique de Villepin

Dominique de Villepin était, ce jeudi, l’invité de Marie-Eve Malouines sur France Info dans l’émission « Tous en campagne ».

« Le bateau coule et l’eau monte, elle atteint les ponts inférieurs et déjà, un certain nombre de Français boivent la tasse ! », a-t-il notamment déclaré en référence à la situation de la France dans la crise.

Retrouvez dans ce billet le verbatim de l’intervention de Dominique de Villepin.

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Sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy

C’est un échec parce que les Français attendaient un changement très profond dans la façon de faire de la politique et un changement très profond dans leur vie. Des attentes très concrètes en terme d’emploi, de pouvoir d’achat, mais aussi des attentes très concrètes en ce qui concerne l’évolution de notre modèle économique, de notre modèle social. Et manifestement (la crise est pour une part dans tout cela), les résultats ne sont pas au rendez-vous. Et surtout, ce qu’on a vu, c’est une activité désordonnée, un manque de vision sur la société française, un manque d’ambition tout court…

Sur son livre « Seul le devoir nous rendra libres »

Vous savez, le devoir, c’est le point de départ de tout ! Quand on est petit, on fait ses devoirs. Et on se sent mieux après: on goûte mieux le dîner et on apprécie mieux la soirée. Le devoir, c’est le point de départ de la vie pour chacun d’entre nous qui concevons une vie d’homme comme quelque chose qui se construit. Donc on peut toujours continuer de se divertir ou de ne pas faire ce qu’on a à faire… Une Nation, elle est renvoyée par l’Histoire à ses devoirs et c’est bien ce qui nous arrive aujourd’hui !

Sur la situation de la France dans la crise

La crise, et c’est un débat de fond, est-ce une simple parenthèse? Est-ce que la prospérité est au coin de la rue ou bien est-ce la crise est quelque chose de durable qui marque un renversement des positions de la France, avec un basculement de la puissance, un renforcement des pays émergents et une dégradation de nos propres positions? Je crois que c’est la vérité.

Et je crois que face à de tels défis, eh bien, si chacun des Français, si la nation tout entière ne fait pas son devoir, eh bien nous sommes condamnés. Je le dis souvent, ce n’est pas simplement une métaphore de circonstance, mais le bateau coule. Le bateau coule et l’eau monte, elle atteint les ponts inférieurs et déjà, un certain nombre de Français boivent la tasse ! Alors faut-il attendre que le bateau tout entier soit englouti pour réagir?

Sur la répartition des efforts à accomplir pour sortir de la crise

Et c’est pour cela que ce qui me paraît au coeur de cette campagne présidentielle, c’est pas les mesurettes des uns et des autres en se copiant d’ailleurs à la queue leu leu, c’est la nature de l’effort, l’ampleur de l’effort et surtout, peut-être, la répartition de l’effort. Et c’est pour ça que je suis si sensible au fait que l’effort soit également réparti entre tous les Français: d’abord, bien sûr, ceux qui ont à montrer l’exemple, c’est-à-dire les ménages les plus aisés, les grandes entreprises, les banques, ceux qui tirent profit, ceux qui sont adaptés, ceux qui connaissent les codes, ceux qui s’en sortiront toujours… Parce qu’il faut dire ce qui est au coeur de l’hypocrisie du jeu français aujourd’hui: il y a un certain nombre de Français dont je fais partie qui ne risquent rien, qui s’en sortiront quoi qu’il arrive et qui même, jour après jour, seront plus riches parce que nous savons ce qu’est la mondialisation. Et quand un Français sait, connaît, connaît les codes, maîtrise les codes de la mondialisation, il s’en tire mieux qu’un Américain, qu’un Chinois, qu’un Japonais, qu’un Allemand…

Je dis clairement que, pour les deux tiers, cet effort doit être fait par ceux qui sont les mieux placés dans la mondialisation. C’est l’évidence ! Et c’est sans doute l’erreur fondamentale de ce quinquennat que d’être parti du mauvais pied avec la loi TEPA qui n’a pas été une loi de justice sociale, et je l’ai dit depuis le premier jour. Et si j’ai été si critique vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, c’est avec l’espoir qu’il en tire des leçons, qu’il change sa politique. Il faut que les Français comprennent que la politique qui est menée est juste, et il faut qu’ils comprennent que les plus puissants, les plus aisés donnent l’exemple. Et si je veux changer la vie politique, changer le système politique, c’est parce qu’il appartient à la politique de donner l’exemple !

Pour 10 grands ministères

Quand je dis qu’il faut 10 grands ministères, je suis heureux de voir que François Hollande reprend mon idée, reprend ma proposition à travers 10 grands pôles ministériels. C’est parce que c’est la seule condition pour diminuer la dépense publique ! On voit qu’il va falloir cravacher, que ça va être difficile et douloureux, qu’il va faudra de l’imagination !

Sur le mécanisme européen de stabilité

Ce dialogue entre le Parti Socialist et l’UMP est un dialogue de sourds, très stérile ! Il faut à la fois respecter la parole de la France dans ce traité, dès lors qu’il est voté et dès lors qu’il est ratifié, il s’impose à nous tous. Mais il faut l’améliorer ! Parce qu’on peut accepter plus de discipline budgétaire (il le faut, il faut plus de discipline en Europe), mais l’exemple grec le montre bien: il faut aussi plus de solidarité financière ! Et nous savons que ce n’est pas à coup d’un plan tous les 3 mois qu’on règlera la question grecque.

Chaque mois, la question grecque coûte plus cher et chaque fois, il faut remettre la main au portefeuille. Donc c’est à travers une solidarité financière qui passe par un changement des statuts de la Banque Centrale Europénne, par la Banque Centrale Européenne qui se posera en prêteuse en dernier ressort, par une mutualisation des dettes européennes à travers des euro-obligations que nous trouverons la solution. Et il faut aussi ajouter à ce traité qui sera signé et peut-être ratifié, il faut ajouter la croissance !

Sur le nombre de parrainage recueillis par Dominique de Villepin

Nous progressons vers les 500 signatures, mais vous le savez, il faut plus de 500 signatures si l’on veut pouvoir participer. C’est pour cela que je ne cesse d’expliquer aux Maires: ce n’est pas un privilège qui leur a été donné par la Constitution de 58, c’est pas un privilège, c’est un devoir républicain ! Et si l’on veut que le débat ait lieu, si l’on ne veut pas qu’il soit confisqué par l’UMP et le Parti Socialiste, il faut que ceux qui ont quelque chose à dire… Ca fait 35 ans que je sers les Français, 35 ans que je sers mon pays, je souhaite pouvoir faire entendre ma voix et mon expérience dans cette campagne présidentielle ! Donc que les Maires, que les Conseillers Généraux fassent leur devoir comme chacun d’entre nous !

Sur l’attitude de Dominique de Villepin en cas d’échec dans la collecte des 500 parrainages

Je n’en suis pas là ! Vous savez, moi, quand je mène un combat, je ne fais pas les choses à moitié et je ne ménage pas la chèvre et le chou !